Intervenons-nous

La Banque Mondiale a annoncé le report à une date ultérieure, du premier décaissement de 100 millions de dollars en appui à la gratuité de l’enseignement, en attendant des informations supplémentaires concernant les conclusions de l’enquête de l’IGF, qui a fait état des cas de fraude et de détournements de fonds publics; dans le recensement des écoles et des enseignants pris en charge par l’Etat.

En réaction, Jacques Chirimwami, président du Syndicat des enseignants catholiques (SYNECAT) en province du Sud-Kivu, affirme que c’est une perte de plus pour les enseignants, qui attendaient leur salaire grâce à ce soutien de la Banque mondiale.

Dans cette interview que vous propose Laprunellerdc.info, ce syndicaliste parle également des difficultés que traversent les enseignants en cette période, mais aussi du programme scolaire qui sera sérieusement perturbé suite à la suspension des enseignements depuis plus d’un mois.

Laprunellerdc.info : la Banque mondiale a annoncé avoir reporté son premier décaissement dans le cadre du projet PERSE; cela ne va-t-il pas impacter la prise en charge des enseignants ?

Jacques Chirimwami : Certainement, la prise en charge des enseignants sera perturbée. Je viens de Bibwa à Kinshasa, où la seule promesse était reposée sur cet apport de la Banque mondiale. Il était question qu’à la paie du mois de février, ce décaissement sera alloué aux enseignants du primaire. Maintenant que c’est suspendu, c’est une peine de plus pour ces enseignants qui croyaient avoir trouvé le bout du tunnel.

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Laprunellerdc.info : Ce détournement encore présumé, aurait-il en quelques sortes, perturbé la prise en charge des enseignants ?

Jacques Chirimwami : S’il s’avère vrai, ce sera un grand regret, de voir que quelques personnes peuvent détourner tous ces millions de dollars; au détriment des milliers d’enseignants. J’ai fait le calcul de la somme alléguée par l’IGF. Avec le salaire de l’enseignant aujourd’hui, elle peut payer au moins 300.000 enseignants par mois. Alors que nous ne sommes qu’environ 600.000 sur l’ensemble du pays. C’est pourquoi nous demandons que cette enquête de l’IGF puisse également être faite en province; puisqu’il y a des magouilles qui s’y font également.

Laprunellerdc.info : Les enseignants avaient déjà demandé un audit des listes des écoles et enseignants. Est-ce qu’il y a eu une avancée ?

Jacques Chirimwami : On avait identifié plus de 390.000 nouvelles unités. On nous a dit après des enquêtes qu’on ne sait pas vérifier, que seuls environ 150.000 ont été retenus. Le Gouvernement n’a payé que 50.000 au primaire, et les autres attendent. Encore il faut qu’on sache si ceux qui ont été rejetés sont vraiment des faux enseignants. On ne peut pas dire qu’on a avancé.

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Laprunellerdc.info : Quelle est la situation des enseignants NP et NU, pendant cette période où les enseignements sont suspendus

Jacques Chirimwami : Ils devraient percevoir quelque chose sur les frais de fonctionnement que les parents vont payer. Mais comme il n’y a a pas d’études, c’est un calvaire pour eux. Et puis même ces frais ne devraient pas être payés, puisque c’est une manière de faire revenir la prime. C’est l’état qui doit prendre en charge les enseignants. Mettez vous à la place des enseignants qui ne sont pas payés aujourd’hui. Ce sont des gens que vous retrouvez entrain de transporter des bagages, et d’autres des aide-maçon. Ils vivent dans des conditions déplorables. Si ceux qui reçoivent 189.000 FC paient difficilement le loyer à cause de la dépréciation du franc congolais, imaginez-vous la situation pour ceux qui n’ont rien.

Laprunellerdc.info : Est-il encore possible de rattraper le programme scolaire après tous ces jours d’interruption ?

Jacques Chirimwami : Il n’y a plus aucune magie à faire pour rattraper ce programme. Puisqu’alors que l’année scolaire doit compter 222 jours, l’année passée nous en avons étudié 111. Au début de cette année, nous avons commencé par une révision générale pour essayer de rattraper les jours perdus. Aucun enseignant du secondaire n’avait encore entamé le programme de cette année. On ne sait pas où est-ce qu’on va commencer quand on va reprendre les cours. L’enseignement exige d’être lent, c’est-à-dire qu’on ne devrait pas entamer la nouvelle année, avant que la précédente ne soit assimilée. Et ça va prendre beaucoup de temps. Si les cours ne reprennent pas le plus tôt, nous serons tous surpris par l’intellectuel congolais dans les 5 prochaines années.

Propos recueillis par Museza Cikuru

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