La campagne internationale des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et aux filles s’est clôturée ce mercredi 10 décembre 2025 à l’Institut Bugorhe, à Birava, dans le territoire de Kabare (Sud-Kivu). La Prunelle RDC asbl et 11 organisations partenaires ont marqué la fin de cette édition 2025 placée sous le thème : « S’investir pour prévenir la violence à l’égard des femmes et des filles à l’ère numérique ». Les élèves ont pris des engagements fermes pour lutter contre les violences numériques et promouvoir un espace digital sûr et respectueux.
Devant enseignants, responsables scolaires et organisations de la société civile, les élèves de l’Institut Bugorhe ont signé un Acte d’engagement individuel et collectif pour lutter contre les violences numériques, un phénomène en hausse au Sud-Kivu.
Ils promettent notamment de respecter la dignité et l’égalité de toutes les personnes en ligne et hors ligne, refuser le cyberharcèlement et la diffusion non consentie d’images ou de contenus privés, utiliser les réseaux sociaux de manière éthique et responsable, sensibiliser leurs camarades à la sécurité numérique, protéger leurs données personnelles et celles de leurs pairs, signaler tout cas de violence numérique observé ou subi ou encore de servir d’ambassadeurs de paix, de respect et de sécurité digitale dans leurs communautés.
Cet engagement symbolise une prise de conscience collective de l’impact destructeur des violences numériques sur les jeunes filles et garçons, mais aussi sur les femmes, militantes, journalistes et leaders communautaires de la région.
Pour Eliane Mufungizi, facilitatrice du jour et chargée de suivi et évaluation de La Prunelle RDC, l’école est un espace prioritaire pour prévenir les violences numériques.
« Les élèves représentent aujourd’hui un groupe particulièrement exposé aux violences en ligne. Promouvoir une culture numérique inclusive, sûre et respectueuse des droits humains est indispensable pour protéger nos filles et nos garçons. »
Elle rappelle que l’activité s’inscrit dans la campagne coordonnée par La Prunelle RDC aux côtés de 11 organisations : ARPJ, RLPC, CCF, UFMP, WFL, Cocorico, Aprovatour, Collectif 2250, Amani ya Kudumu, CAPSA et Max Impact.
Cette campagne intervient dans un contexte local marqué par de nombreux cas de cyberharcèlement : publication non consentie de photos privées, insultes sexistes, menaces en ligne contre des militantes, enseignants et candidates aux élections locales, notamment dans les zones urbaines de Bukavu et les territoires de Walungu, Idjwi et Uvira.
Le doyen de l’Institut Bugorhe, Mushamalirwa Joseph, a salué l’initiative.
« À partir d’aujourd’hui, je deviens aussi sensibilisateur. Pas seulement dans mon école, mais dans ma famille et mon entourage. Nos filles et nos femmes méritent d’être protégées et respectées. »
De nombreux élèves ont exprimé leur engagement personnel, à l’image d’Ansima Kacuka, qui promet de protéger ses données et de sensibiliser ses camarades.
« Je vais signaler et dénoncer toutes formes de violences dont moi ou ma communauté pourrions être victimes. »
L’activité de Birava s’inscrit dans une série d’actions organisées du 25 novembre au 10 décembre 2025 dans les régions de Bukavu, Kabare et Walungu, notamment.
Cette approche inclusive a mobilisé élèves, leaders communautaires, journalistes, influenceurs locaux, organisations membres du Collectif 2250 et plusieurs institutions nationales et internationales.
Pour les organisations impliquées, l’engagement des jeunes est fondamental pour construire une société plus sûre, plus juste et plus respectueuse, y compris dans les espaces numériques.
La clôture de Birava réaffirme un message essentiel : la prévention des violences, qu’elles soient physiques, psychologiques ou numériques, commence par l’éducation, l’engagement et la responsabilisation des jeunes.
Bien que la campagne 2025 soit officiellement clôturée, les organisations partenaires annoncent que les actions de sensibilisation, d’éducation numérique et de plaidoyer se poursuivront tout au long de l’année 2026.
Elles appellent les institutions éducatives, les familles et les autorités locales à maintenir l’élan, car la lutte contre les violences numériques nécessite un engagement collectif et durable.
Vinciane Ntabala

