Intervenons-nous

Le Bureau de Coordination de la Société Civile du Sud-Kivu a dénoncé, dans un rapport de sept pages rendu public le 1er septembre 2025, plusieurs failles dans la gouvernance du gouverneur Jean-Jacques Purusi Sadiki. L’organisation citoyenne estime que ces erreurs freinent le développement de la province, alors que l’exécutif provincial a été momentanément délocalisé à Uvira après l’occupation de la ville de Bukavu par la coalition rebelle M23-AFC.

La Société Civile déplore qu’aucun édit n’ait été voté depuis l’installation de l’Assemblée provinciale à Uvira, où des immeubles ont été loués pour abriter les bureaux. Aucun contrôle parlementaire n’a été exercé et aucune plénière consacrée à la reddition des comptes n’a eu lieu.

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Elle regrette également que le budget rectificatif 2025 n’ait pas été réalisé, malgré les effets de la guerre. « Les travaux sur la rectification et l’évaluation du budget avaient été planifiés au mois d’avril 2025, mais l’exécutif provincial n’a pas appuyé ces travaux », souligne le document.

La structure félicite toutefois les élus provinciaux pour l’adoption de rapports parlementaires sur la spoliation des maisons de l’État et la gestion de la province. Mais elle dénonce le fait que ces résolutions n’aient pas été transmises à l’exécutif ni à la justice.

La Société Civile pointe l’absence répétée du rapporteur de l’Assemblée et d’autres députés n’ayant pas rejoint Uvira. Sa présidente, Néné Bintu Iragi, rapporte que plusieurs députés se plaignent de la non-perception de leurs émoluments : le dernier paiement du gouvernement national remonte à mai 2025, et la dernière dotation provinciale à janvier 2025.

Cette situation plonge les élus dans des difficultés financières, notamment pour assurer la rentrée scolaire de leurs enfants. Néné Bintu fustige en outre certains députés qui utilisent les réseaux sociaux ou les débits de boisson pour réclamer leurs droits, rappelant que « ces comportements violent l’éthique professionnelle ».

L’exécutif provincial justifie ces retards par les perturbations liées à la guerre, mais les députés jugent cette explication insuffisante.

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Autres défis pointés du doigt

Au-delà des institutions, la Société Civile souligne que plusieurs attentes de la population restent insatisfaites :

  • L’arrêt du décaissement des frais de rétrocession, interrompu par la guerre, sans rapport sur les fonds déjà alloués.
  • L’exploitation illicite des minerais, encore très active à Mwenga, Shabunda, Fizi, Kalehe et Walungu, avec un afflux de sociétés chinoises dont la majorité opèrent illégalement.
  • La grogne des agents de la DPMER à Uvira, impayés depuis 7 mois, alors qu’ils sont en charge de mobiliser des recettes publiques servant à payer d’autres agents de l’État.
  • L’absence du ministre des Finances, perturbant le fonctionnement de l’exécutif provincial.
  • Les tensions entre députés provinciaux et le gouverneur, centrées sur la question des émoluments.
  • Les incidents récurrents entre wazalendo et FARDC, occasionnant des victimes dans les deux camps et parmi les civils.

La Société Civile reproche au gouverneur Purusi d’accumuler des promesses non tenues et de ne plus répondre avec rapidité aux courriers officiels, contrairement à ses habitudes passées.

Face à ces défis, Néné Bintu appelle le gouverneur à corriger ces erreurs et à renforcer la collaboration entre les institutions provinciales. « En obtenant le mandat du peuple, ils se sont engagés à le servir dans la transparence. C’est ce que le peuple attend », insiste-t-elle.

Séraphin Mapenzi

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