Intervenons-nous

Vladimir Poutine a fait franchir le Rubicon à ses troupes. Plus exactement la frontière ukrainienne. Le président de la fédération de Russie a dans un décret ordonné à ses troupes de rentrer dans les républiques séparatistes d’Ukraine dont il a reconnu l’indépendance pour une opération de « maintien de la paix ». Une invasion qui ne dit pas son nom.

Selon Le Parisien, les deux décrets du président russe demandent au ministère de la Défense que « les forces armées de la Russie (assument) les fonctions de maintien de la paix sur le territoire » des « républiques populaires » de Donetsk et Lougansk.

Aucun calendrier de déploiement ni son ampleur n’ont été annoncés dans ces documents, qui tiennent chacun en une page et ont été publiés sur le site de la base de données russe des textes de droit.

Selon plusieurs sources médiatiques, les troupes russes seraient pourtant déjà en train de rentrer en territoire ukrainien.

Poutine a en outre signé des accords d’entraide avec ces deux entités séparatistes qui, avec le soutien de la Russie, combattent les forces armées ukrainiennes depuis huit ans. Selon les textes publiés sur un site de la chambre basse du parlement russe, la Douma, ceux-ci prévoient que les parties vont assurer leur défense, partager des bases militaires et protéger leurs frontières en commun.

Les accords, d’une durée de 10 ans, créent « le fondement juridique pour la présence » dans ces territoires « des unités militaires russes nécessaires au maintien de la paix dans la région et d’assurer une sécurité durable des parties », selon une note explicative qui accompagne ces textes.

Ces documents « fixent les obligations des parties pour assurer une assistance mutuelle si l’une des parties est la cible d’une attaque » et ils « prévoient la protection en commun » des frontières. Ces accords d’amitié et d’entraide doivent passer mardi devant le Parlement russe.

Réponse « ferme » et « rapide »

La Russie a déployé depuis des semaines des centaines de milliers de soldats aux frontières de l’Ukraine qui, selon l’Occident, sont prêts à envahir leur voisin. La reconnaissance des indépendances des deux territoires ouvrait la voie à un déploiement militaire russe à leur demande.

La décision du président Vladimir Poutine de reconnaître les territoires séparatistes en Ukraine contredit « l’engagement » de la Russie envers la diplomatie et mérite une réponse « ferme » et « rapide », a quant à lui assuré le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.

« Nous condamnons fermement la décision du président Poutine de reconnaître les soi-disant républiques populaires de Donetsk et de Lougansk comme indépendantes », a souligné le secrétaire d’État américain dans un communiqué, qualifiant les manœuvres russes d’atteinte « claire à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine ».

« Cette décision est un rejet complet des engagements pris par la Russie dans le cadre des accords de Minsk et contredit directement l’engagement prétendu de la Russie envers la diplomatie », a déclaré Antony Blinken.

Risque d’un conflit majeur

L’ONU et une majorité de membres du Conseil de sécurité ont condamné lors d’une réunion d’urgence la reconnaissance par la Russie de l’indépendance des républiques sécessionnistes dans l’est de l’Ukraine et l’ordre du président Vladimir Poutine d’y déployer des troupes.

Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, s’est déclaré inquiet, lundi, de la détérioration de la situation concernant l’Ukraine, et a décidé d’annuler la visite de trois jours qu’il devait effectuer en République démocratique du Congo (RDC) à partir de mardi, tandis que le Conseil de sécurité s’est réuni en urgence lundi soir.

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Au début de la réunion d’urgence du Conseil de sécurité sur l’Ukraine, organisée à la demande notamment des pays occidentaux, la Secrétaire générale adjointe de l’ONU aux affaires politiques, Rosemary DiCarlo, a vivement « regretté » la décision russe de reconnaître l’indépendance des républiques sécessionnistes ukrainiennes, comme « l’ordre de déployer des troupes russes dans l’est de l’Ukraine ».

« Bien que l’ONU ne soit pas en mesure de vérifier les nombreuses affirmations et allégations faites par divers acteurs, nous sommes profondément préoccupés par les informations faisant état de victimes civiles, le ciblage d’infrastructures civiles essentielles et les évacuations en cours », a ajouté Mme DiCarlo.

« Les prochaines heures et jours seront critiques. Le risque d’un conflit majeur est réel et doit être évité à tout prix », a-t-elle réclamé.

Plus tôt lundi, dans une déclaration à la presse de son porte-parole, le Secrétaire général s’est déclaré « vivement préoccupé par la décision de la Fédération de Russie concernant le statut de certaines zones des régions de Donetsk et Louhansk en Ukraine ».

«Le Secrétaire général considère que la décision de la Fédération de Russie est une violation de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Ukraine et qu’elle est incompatible avec les principes de la Charte des Nations. Il appelle au règlement pacifique du conflit dans l’est de l’Ukraine, conformément aux Accords de Minsk, tels qu’approuvés par le Conseil de sécurité dans la résolution 2202 (2015). L’ONU, conformément aux résolutions pertinentes de l’Assemblée générale, continue de soutenir pleinement la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues,» a-t-il indiqué.

Une fin pacifique est-elle encore possible ?

La Russie a assuré, ce mardi 22 février, être toujours prête aux négociations avec le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, qui doit rencontrer jeudi à Genève son homologue russe Sergueï Lavrov.

Ce, après que les Etats-Unis aient annoncé qu’ils allaient imposer de nouvelles sanctions contre la Russie, mardi. Le président Joe Biden avait déjà publié, lundi, un décret qui interdit tout nouvel investissement, échange ou financement par des personnes américaines à destination, en provenance ou dans les régions prorusses de Donetsk et Lougansk.

L’Union européenne a en parallèle fait savoir qu’elle allait sanctionner « ceux qui sont impliqués » dans la décision de Vladimir Poutine. Et le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a lui aussi promis des sanctions « importantes ».

« Les frontières internationalement reconnues de l’Ukraine resteront inchangées, peu importe les déclarations et les actions de la Russie », a déclaré l’ambassadeur ukrainien à l’ONU, cité par France Info.

L’Ukraine demande à la Russie « de revenir à la table des négociations » et de procéder à « un retrait immédiat et vérifiable de ses troupes d’occupation ».

La Rédaction

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