Le Bureau de coordination de la Société civile du Sud-Kivu alerte sur la dégradation sécuritaire dans la ville d’Uvira et dénonce le silence du gouvernement congolais. Dans un communiqué publié ce lundi 8 septembre, il indique suivre la situation de près depuis le 1er septembre, particulièrement après l’arrivée du général Gasita Olivier, qui aurait accentué les tensions dans la cité.
La Société civile s’indigne de l’absence des principales autorités provinciales, actuellement en mission à Kinshasa, notamment le président du Bureau de l’Assemblée provinciale, le Gouverneur et le Vice-Gouverneur. Cette absence, estime-t-elle, plonge davantage la population d’Uvira dans la panique.
Selon le communiqué, la population attendait des orientations claires du Conseil des ministres présidé vendredi dernier par le Chef de l’État. Mais « force est de constater avec amertume » que rien n’a été communiqué, regrette la Société civile.
Elle dénonce par ailleurs les manipulations de l’opinion qui entourent ce dossier et avertit que si rien n’est fait, « le pire est à craindre ». La guerre numérique, marquée par des incitations à la haine tribale, prend de l’ampleur, attisée tant par des acteurs liés à « l’ennemi » cherchant à profiter du désordre pour s’emparer d’Uvira, que par des divisions internes au sein des forces gouvernementales dues à la multiplicité des commandements militaires.
Face à cette situation, le Bureau de coordination exige le retour immédiat des autorités provinciales à Uvira et recommande au Président de la République de dépêcher une mission urgente conduite par le Vice-Premier ministre de la Défense et celui de l’Intérieur. Objectif : écouter les forces sociales locales et les services de sécurité afin d’éviter que l’ennemi ne tire profit de la crise et de préserver la cohabitation pacifique entre communautés.
La Société civile appelle en même temps la population d’Uvira à rester vigilante, à refuser toute instrumentalisation ethnique, à ne pas relayer de fausses informations et à dénoncer les « tireurs de ficelles » basés à Kinshasa ou dans la diaspora, qui exploiteraient le chaos actuel pour se bâtir une visibilité politique.
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En outre, elle exige sa participation à toutes les initiatives de paix en cours, estimant que l’exclusion de la société civile reviendrait à ignorer la voix du peuple dans d’éventuels accords.
Enfin, le Bureau de coordination interpelle les députés nationaux et provinciaux de l’Est de la RDC pour qu’ils brisent le silence et portent la voix du peuple lors de la prochaine rentrée parlementaire. Il exhorte aussi les organisations de la société civile basées à Kinshasa à relayer auprès des institutions et chancelleries la voix de leurs collègues ainsi que celle des populations vivant dans les zones occupées.