À Kinshasa et dans d’autres villes de la RDC, de nombreux citoyens se sont récemment interrogés sur la différence entre le taux de change affiché par la Banque Centrale du Congo (BCC) et celui pratiqué dans les banques commerciales ou par les cambistes. Selon Toussaint Hamuli, représentant officiel de l’Institut International de Gestion Stratégique et Financière (IIGSF) en RDC, ce différentiel, bien que souvent mal compris, est tout à fait normal.
La BCC publie quotidiennement un « taux indicatif », calculé à partir des transactions majeures entre institutions financières. Ce taux sert de repère au marché, notamment pour les entreprises, les administrations et les opérations d’envergure. Cependant, comme le rappelle la Banque Centrale, « les opérations de change se font de gré à gré, selon les lois de l’offre et de la demande », ce qui explique que le taux appliqué par les banques commerciales et les bureaux de change puisse varier.
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Les banques fixent leur taux en fonction de l’offre et de la demande locales, de leurs coûts opérationnels, du stock de devises disponible et des risques économiques comme l’inflation ou l’instabilité. Ces taux peuvent évoluer au fil des heures, en fonction de la disponibilité du dollar américain ou de l’euro et de la pression de la clientèle. En octobre 2025, par exemple, le taux officiel affiché était de 2.309 CDF pour 1 USD, alors que certains bureaux de change proposaient jusqu’à 2.750 CDF dans certains quartiers de Kinshasa.
Pour stabiliser le marché, la BCC a récemment limité la marge des banques, désormais plafonnée à 5 % au-dessus du taux indicatif publié lors de la vente de devises. Cette mesure temporaire vise à préserver la confiance des usagers et à contenir les excès. Toutefois, si une banque doit acheter des devises à un taux supérieur auprès de tiers, elle ne peut pas toujours respecter strictement ce plafond.
En résumé, explique Toussaint Hamuli :
- Le taux de la BCC est un repère, non un tarif obligatoire ;
- Les banques adaptent leurs taux à la réalité de l’offre et de la demande et à leurs sources effectives de devises ;
- En période de forte demande ou de crise, les écarts peuvent s’accentuer.
Cette dynamique illustre un marché des changes à multiples vitesses en RDC, où chaque acteur — Banque centrale, banques commerciales, cambistes — opère selon ses contraintes et le contexte économique national. Comprendre ces mécanismes permet aux citoyens de mieux gérer leurs finances et d’anticiper les variations observées sur le terrain.

