Intervenons-nous

Colère chez les défenseurs des droits de l’homme au Sud-Kivu après le récent communiqué de la Police Nationale Congolaise sur la répression brutale du meeting organisé par certains députés provinciaux au terrain de Funu, Commune de Kadutu (Bukavu) au Sud-Kivu.En effet, le Commissaire Divisionnaire adjoint et commandant de la Police au Sud-Kivu, Jean-Bernard Bazenge donne ce qui est censé être la version des faits de la Police sur cette répression condamnée par la Société Civile et les défenseurs des droits de l’homme.

Pour la Police, les dernières informations sur cette répression sont fausses et ne reflètent pas la réalité des faits tels que vécus sur le théâtre des opérations de police, de maintien et de rétablissement de l’ordre public.

Dans son communiqué, la Police présente les faits comme suit:

– Le meeting n’a pas été autorisé par l’autorité urbaine parce que non saisie

– Le meeting ne pouvait pas tenir compte des paramètres relatifs au contexte de la crise sanitaire du Covid-19;

– C’est le maire qui a requis la force publique et des unités du commissariat de Bukavu étaient déployés sur le lieu;

– Il fallait empêcher la tenue du meeting;

– Les organisateurs ont commencé à venir vers 10 heures;

– Les organisateurs ont commencé à installer de force les instruments de sonorisation et le podium vers 13 heures en présence du public;

– La Police a alors commencé à persuader de ne pas tenir la manifestation et ils organisateurs ont résisté;

– La Police a alors dispersé la manifestation à coups de gaz lacrymogène;

– Il n’y a pas eu utilisations d’armes létales;

– Lieu évacué d’une manière professionnelle

La Police dit alors avoir constaté ce qui suit en terme de bilan:

– Aucun dégât humain majeur enregistré;

– Une seule personne blessée à la joue;

– La blessure ne vient pas de l’action de la Police mais des badauds incités par les organisateurs;

Des acteurs sociaux dénoncent une « moquerie » et des « contre-vérités » visant à tromper la « hiérarchie » et « manipuler l’opinion »

Ce communiqué a tout de suite indigné les acteurs sociaux et défenseurs des droits de l’homme de la province du Sud-Kivu. Sur les réseaux sociaux, les réactions sont vives. Nombreux accusent la Police de tenter de mentir pour protéger les autorités provinciales et se dédouaner de la responsabilité dans ces événements.

« On ne peut rien attendre d’une enquête où les présumés auteurs sont en même temps enquêteurs. Le contraire étonnerait », écrit un acteur social, visiblement choqué par le communiqué.

Pour un autre acteur de la Société Civile, ce communiqué est une moquerie pour tromper la hiérarchie que rien ne s’est passé au Sud-Kivu.

« C’est une communication-manipulation. On tente de réduire à un simple incident la brutale répression de dimanche parce qu’on sait que la hiérarchie demande des comptes. On pense que le Sud-Kivu est dans un océan où on ne sait pas avoir les vraies nouvelles et au bon moment », dénonce un activiste pro-démocratie.

Un communiqué de la PNC pour accuser le Maire et dédouaner le Gouverneur et les éléments de l’ordre

Comme on peut le voir dans le communiqué de la Police Nationale Congolaise, c’est le maire qui a ordonné que le meeting ne se tienne pas. Pour certains acteurs de la Société Civile qui demandent justice, c’est déjà bien de connaître celui a requis la force publique.

Par contre nombreux ne sont pas aussi distraits pour ne pas noter l’activisme des proches collaborateurs du Gouverneur ce même jour de l’incident pour tenter d’étouffer la vérité sur ce qui s’est passé à Funu.

En effet, ce même jour, rappellent des acteurs sociaux, les communicateurs de Théo Ngwabidje ont organisé une « campagne » visant à créer le doute sur ce qui s’est passé à Bukavu. Ils avaient pris le temps et l’énergie pour qualifier les images des blessés de celles prises à Beni.

Ce communiqué de la Police vient donc confirmer cette thèse que rien ne s’est passé à Bukavu et que les images et informations sont fausses. La même position que le Gouvernement provincial.

Parallèlement, la Société Civile rend visite à certains blessés

Comme pour couper court à toute manipulation sur les récents événements de Funu, le Bureau de Coordination de la Société Civile du Sud-Kivu a décidé de rendre visite à certaines victimes de cette sanglante répression ce mardi 20 avril. Après la visite, son président a demandé que les personnes encore dans les structures sanitaires soient sécurisées.

Sur place, une liste de 13 personnes blessées a été dressée. Certaines victimes ont regagné leur domicile.

Qui pour répondre et décourager pareils agissements?

La Société Civile qui dit ne pas être prête à accompagner ceux qui violent les droits de l’homme veut que justice soit rendue. Dans sa dernière communication elle demande que les responsabilités soient établies et que les soins des victimes soient pris en charge.

Le Bureau de Coordination de la Société Civile n’accepte pas également de participer aux consultations initiées par le Gouverneur sur la situation socio-politique au Sud-Kivu tant que les enquêtes ne débuteront pas et que les responsables ne seront pas connus.

Une manière pour cette prestigieuse structure de ne pas cautionner des actes qui mettent en danger les habitants dans un pays qui se veut de droit.

Qui devra donc répondre de cette répression brutale des manifestants? C’est ce qu’on verra mais tous défenseurs des droits de l’homme sont unanimes: le communiqué de la PNC est une « insulte » aux victimes de dimanche.

Jean-Luc M.

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Un commentaire

  1. Justin BURAKALI Bayongwa on

    Un député est élu du peuple au suffrage universel direct. C’est un mandataire du peuple, il agit directement au compte du peuple. Il n’a donc pas besoin d’une autorisation préalable pour rendre compte à son électorat de la gestion de la chose publique.
    Le peuple du Sud-Kivu fustige avec consternation la honte que lui a causée la Police à Funu.
    Assurément, cette honte combien humiliante que vous avez causée au peuple, souverain primaire, ne doit pas rester imberbe ! Vous vous permettez de tirer des bals réels sur nos élus légitimes?
    Nos condoléances les plus attristées aux honorables députés provinciaux du Sud-Kivu, victimes de cette oppression. Vous avez le mandat du peuple, ne craignez pas…. Agissez et luttez toujours, c’est au nom et au compte du peuple sud-kivucien!
    Il faut, toutefois, noter que la police n’est que co-auteur de ce drame en exécutant les dictats de vrais auteurs !

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