Le Ministre provincial de l’Intérieur, Sécurité et Affaires Coutumières au Sud-Kivu, a dans un communiqué rendu public samedi 30 octobre 2021, interdit la diffusion des émissions et débats à caractère tribal, dans les différents organes de presse de la province du Sud-Kivu. Théophile Kiluwe motive sa décision par des raisons de «maintien de la sécurité, de la cohabitation pacifique et de la concorde,» entre filles et fils de la province du Sud-Kivu. La décision a été prise à l’issue d’un Conseil provincial de sécurité.
Mais dans une interview accordée à Laprunellerdc.info ce lundi 1er novembre 2021, le Président sectionnaire de l’Union Nationale de la Presse du Congo (UNPC) en province du Sud-Kivu, estime que la décision du ministre provincial de l’Intérieur viole « volontairement » la liberté de la presse, qui est consacrée par différentes lois nationales en RDC, et plusieurs instruments juridiques internationaux.
«La liberté de la presse est consacrée en République Démocratique du Congo mais aussi sur le plan international. L’article 19 de la déclaration Universelle des droits humains et d’autres articles dans les chartes universelles des droits de l’homme reviennent là déçu. En République démocratique du Congo, l’article 23 de la constitution du 16 février 2011 est claire la déçu. Je n’ose pas citer les différentes lois organiques qui consacrent l’exercice de la liberté de la presse. Vous pouvez lire la loi du 22 juillet qui porte sur l’exercice de la liberté de la presse,» explique d’emblée, Darius Kitoga.
En outre, celui-ci fait savoir que les journalistes sont actuellement eux même partisans de la paix, et ont des organes d’autorégulation, qui se chargent régulièrement des tous les dérapages.
Darius Kitoga rappelle au Ministre les différentes lois, qui règlementent le secteur médiatique au niveau national et international, mais aussi l’importance de ces émissions et débats radiodiffusées, dans la société.
«Aujourd’hui nous sommes militants du journalisme de paix et ce n’est pas pour rien que nous avons mis sur pied des organes d’autorégulation pour promouvoir cette paix sociale. Mais je me demande le communiqué du ministre de l’intérieur, c’est un communiqué qui a un caractère et un contour flou. Les émissions tribalo-thniques ont toujours existé. Il y’a des médias qui organisent ces genres d’émissions, est-ce que tout est négatif ? Lorsque les Batembo s’expriment, les Bashi s’expriment, les Balega s’expriment, les Bavira, les Babembe, les Banyindu, il y a-t-il des problèmes là dessus. Faudra-t-il supprimer ces émissions ? Et bien non,» pense-t-il.
En outre, le Président sectionnaire de l’UNPC au Sud-Kivu regrette le fait que le ministre ait pris sa décision sans consulter les différents organes, qui gèrent au quotidien les médias dans la province du Sud-Kivu. Il déplore également la non détermination, par le Ministre, dans son communiqué, de la durée de ladite suspension.
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«Dans ce communiqué, je ne trouve aucune limite dans le temps. On suspend seulement et c’est tout. Mais jusqu’à quelle hauteur ? La presse est régulée par des organes reconnues et compétentes, des organes légaux qui fonctionnent au Sud-Kivu. C’est dommage,» regrette-t-il.
Darius Kitoga insiste que «Nous ne sommes pas concernés par cette décision prise unilatéralement pour museler la presse.»
Héritier Bashige M.