Les enseignants des sous-divisions Shabunda 3 et 5, dans la province éducationnelle Sud-Kivu 3, accusent Caritas Kasongo de détournement de leurs salaires des mois de février à juin 2025. L’alerte est portée par Emmanuel Kazamba, enseignant de Shabunda actuellement à Kindu, dans un entretien accordé à La Prunelle RDC ce jeudi 13 novembre 2025.
Selon lui, malgré un protocole d’accord signé entre Caritas et le gouvernement congolais pour assurer le convoyage des salaires dans les zones reculées, de nombreux enseignants n’ont toujours pas été payés. « Caritas reçoit même les frais de transport d’argent », rappelle-t-il.
La situation se serait aggravée depuis la prise de la ville de Bukavu par les rebelles du M23, entraînant le transfert de la paie de Caritas Bukavu vers Caritas Kasongo. Emmanuel Kazamba affirme que pour février, mars et avril, les enseignants n’auraient reçu que des paiements partiels, allant « tantôt d’un mois, tantôt d’un mois et demi pour trois mois de service », laissant d’importants reliquats impayés.
Pour les mois de mai et juin, Caritas aurait organisé une paie individuelle après le recensement des numéros des enseignants. Mais Kazamba dénonce une « liste encore trop longue » d’enseignants toujours impayés.
Face à cette situation, les enseignants ont dépêché une délégation à Kasongo, munie de procurations signées par leurs chefs d’établissement, les responsables de la DNACOP et de la sous-division. Mais Caritas aurait refusé cette option, exigeant que chaque enseignant se déplace lui-même, sans tenir compte de la distance ni du contexte sécuritaire.
Quant aux raisons du non-paiement, Emmanuel Kazamba dit n’avoir reçu aucune explication officielle. Il évoque toutefois des rumeurs selon lesquelles « Caritas aurait distribué l’argent dans de petites entreprises pour en tirer des intérêts », une situation qui a poussé les enseignants à se tourner vers la justice.
Les autorités scolaires locales soutiennent la démarche des enseignants. « Les chefs de nos sous-divisions ont signé les procurations, les feuilles de route et les ordres de mission pour aller réclamer les salaires égarés à Kasongo », assure Kazamba. Sur recommandation de la DYNACOP, la plainte a été déposée auprès de l’Agence nationale de Renseignements (ANR) plutôt qu’au parquet, considérant le détournement « comme un acte contre la sécurité nationale ».
Le Cadre Permanent de Réflexion pour le Développement de Shabunda (CPRDS) appuie également cette démarche. Dans une déclaration du 8 novembre 2025, il dénonce le « détournement des salaires des mois de février, mars, avril (paie collective) et mai, juin (paie individuelle) », et fustige les « antivaleurs longtemps décriées » depuis la délocalisation de la paie de Bukavu vers Kasongo.
Le CPRDS alerte sur les conséquences sociales graves de cette situation : « Ces enseignants vivent dans des conditions extrêmement difficiles, car ils n’ont plus rien pour subvenir aux besoins primaires de leurs familles. »
L’organisation appelle les autorités compétentes et les élus de Shabunda à accompagner cette démarche afin que les enseignants « soient remis dans leurs droits » et que ces problèmes soient résolus.
La Caritas Kasongo n’a pas encore préféré s’exprimer sur ce sujet.

