Intervenons-nous

Le gouverneur installé par la coalition rebelle AFC-M23 au Sud-Kivu, Patrick Busu bwa Ngwi, a rejeté mardi les accusations selon lesquelles ses forces auraient mené des représailles contre des civils dans le groupement d’Irhambi Katana. Ces dénégations interviennent alors que la Coalition « Pamoja kwa Amani » (CPKA), une plateforme de la société civile, affirme que plusieurs exécutions extrajudiciaires ont été commises dans la zone et dans d’autres localités de la province.

Dans un communiqué, la CPKA dit « condamner avec véhémence » ce qu’elle qualifie de massacres attribués à des combattants de l’AFC-M23. La coalition affirme qu’au moins douze hommes ont été appréhendés puis exécutés dans le groupement d’Irhambi Katana, les assaillants les accusant de collusion avec les milices « wazalendo » qui multiplient les attaques contre les positions du mouvement rebelle.

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La CPKA affirme que, pour les combattants, « tout jeune des villages ou collines » d’où proviennent des attaques serait assimilé à un wazalendo et « n’a droit qu’à une balle dans la tête ».

Des exécutions jusque dans un centre de santé, selon la Coalition

Le communiqué détaille d’autres cas d’exécutions :

  • trois corps retrouvés près du petit marché Chebirema ;
  • deux au terrain de Bidabanga ;
  • un près de l’antenne Airtel de Chahoboka ;
  • deux au petit marché de Cibimbi.

La Coalition affirme également que vers 22 heures, des combattants ont pénétré dans le centre de santé Chahoboka, enlevant un patient et deux gardes-malades retrouvés exécutés peu après.

Elle redoute un bilan plus lourd, évoquant des patrouilles qui abattent « toute personne de sexe masculin » rencontrée sur leur chemin.

La Coalition estime que ces exactions pourraient constituer des crimes de guerre et appelle les dirigeants politico-militaires du mouvement AFC-M23 à y mettre fin. Elle rappelle que les crimes contre des civils sont imprescriptibles et susceptibles de poursuites nationales ou internationales.

Le gouverneur Patrick Busu bwa Ngwi dément et parle de “propagande”

En réaction, le gouverneur Patrick Busu bwa Ngwi affirme que les accusations de massacres sont « fausses » et relèvent d’une « propagande » orchestrée, selon lui, par le gouvernement central à Kinshasa.

Il soutient que les opérations menées dans la zone visent uniquement des « forces négatives » identifiées comme « wazalendo » et accusées d’être infiltrées parmi la population. Sur instruction de la hiérarchie de l’AFC-M23, une « traque systématique » aurait été ordonnée contre ces groupes, qualifiés d’« ennemis de la paix ».

Patrick Busu bwa Ngwi prévient que toute personne portant une arme sans appartenir aux « services habilités » du mouvement sera considérée comme un bandit armé et fera l’objet de « mesures de répression proportionnées ».

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Le communiqué insiste également sur la nécessité de protéger la population vivant dans les zones sous contrôle de l’AFC-M23 et affirme que la vie humaine est « sacrée ».

Ces échanges de communiqués interviennent dans un contexte marqué par une recrudescence des affrontements entre l’AFC-M23 et les groupes d’autodéfense wazalendo dans plusieurs territoires du Sud-Kivu.

Jean-Luc M

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