Intervenons-nous

Le Gouvernement Ngwabidje a été déchu par l’Assemblée Provinciale du Sud-Kivu au cours d’une plénière qui a vu au moins 3 journalistes blessés par balles ou à la suite de l’action des éléments de la Police Nationale Congolaise déployée sur instruction de l’autorité provinciale; bref, une presse libre menacée. 

Au moins 5 autres ont subi des blessures dans cette action qui a visiblement concerné les journalistes du Sud-Kivu.

Les journalistes du Sud-Kivu ont alors manifesté le 10 décembre dernier pour décrier ces entraves à leur volonté de la part des acteurs politiques et sécuritaires censées pourtant prendre des mesures de leur protection.

Cet événement de l’Assemblée Provinciale n’est pas un fait isolé sous la gouvernance Ngwabidje contre la presse qui veut toujours être libre.

Le 18 avril 2021, le journaliste Pascal Boji avait également été blessé avec d’autres citoyens à la suite d’un rassemblement des députés provinciaux « motionnaires » à Funu dans la Commune de Kadutu.

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Comme dans plusieurs événements tragiques touchant le Sud-Kivu depuis son avènement, le bilan avancé par les acteurs sociaux et défenseurs des droits humains avait été rejeté et une autre version communiquée aux autorités de Kinshasa. Pascal Boji ne connaitra donc pas, comme tous les autres blessés, ceux qui ont attenté à sa vie.

Comme Boji, Jérémie Baraka, Ishara Masirika, Crispin Murhula et les autres, les journalistes, surtout ceux qualifiés par Nyamoma de « hostiles » subissent continuellement la pression politique et même des menaces. D’autres, comme leurs médias insultés par ses communicateurs. Les collaborateurs de celui qu’il convient de qualifier « d’ancien Gouverneur » brandissaient même la menace économique et administrative contre des médias qui ne sont pas acquis à leur cause.

En effet, l’ancien Gouverneur avait des contrats avec plusieurs médias ou des personnes influentes en leur sein.  Ce qui lui permettait de ne pas être critiqué à travers plusieurs ondes. Il voyait donc mal que d’autres décryptent l’actualité en toute indépendance.

Le Sud-Kivu est une province connue pour la vivacité de sa démocratie mais également comme un mouroir pour les Journalistes.  Nombreux ont même déjà été assassinés dans des conditions restées toujours floues jusque-là.

Le 3 mai de l’année en cours, les ONGDH Partenariat pour la Protection Intégrée (PPI) et SOS Information Juridique Multisectorielle (SOS IJM), disaient dénoncer et condamner avec fermeté, les menaces contre les journalistes David-Honneur Safari et Judith Maroy du média en ligne « Laprunellerdc.info », proférés par certaines personnes considérées comme plus proches du Gouverneur de la Province du Sud-Kivu. 

Lire aussi: Sud-Kivu: PPI et SOS-IJM condamnent « avec fermeté » les menaces contre les journalistes Honneur-David Safari et Judith Maroy de LaPrunelleRDC

Plusieurs autres cas sont rapportés et des journalistes insultés et/ou menacés par les collaborateurs du Gouverneur. C’est l’exemple de ceux de « Libre Grands-Lacs », « DéboutRDC » etc.

Que dire de la pression sur les médias en plein début de la crise sanitaire du Covid-19 ? Là encore, le Gouverneur était devenu le donneur de leçon aux médias.

Rétrécissement de l’espace démocratique

Dans une déclaration rendue publique ce mercredi 7 avril à Bukavu après une réunion d’urgence des acteurs sociaux ; la Société Civile critiquait sévèrement la gouvernance Ngwabidje sur la situation des droits de l’homme et de la liberté de la presse, comme dans tous les autres secteurs d’ailleurs.

« Les journalistes et médias ne partageant pas la vision et les informations favorables aux autorités provinciales sont inquiétés, intimidés. La liberté de la presse est menacée. Journalistes et défenseurs des droits de l’homme et opposants enfermés pour leurs opinions. Bref, la situation est sombre », constatait le Bureau de Coordination de la Société Civile du Sud-Kivu.

Lire aussi: Sud-Kivu: la liberté de la presse menacée sous Ngwabidje, constate la Société Civile

Dans la même déclaration, la Société Civile disait observer une montée vertigineuse de l’intolérance dans la province du Sud-Kivu.

« Tous ceux qui tentent de critiquer les dirigeants actuels sont soit insultés, soit considérés comme des personnes à abattre », regrettait encore la Société Civile du Sud-Kivu.

Un Gouverneur intérimaire « liberticide »?

Jusque-là Ministre provincial de l’Intérieur, le Gouverneur intérimaire du Sud-Kivu est aussi accusé de vouloir faire taire la presse libre et les médias qui ne s’alignent pas.

Premier événement: le Ministre provincial de l’Intérieur, Sécurité et Affaires Coutumières au Sud-Kivu, a dans un communiqué rendu public samedi 30 octobre 2021, interdit la diffusion des émissions et débats à « caractère tribal », dans les différents organes de presse de la province du Sud-Kivu.

Théophile Kiluwe motivait sa décision par des raisons de «maintien de la sécurité, de la cohabitation pacifique et de la concorde,» entre filles et fils de la province du Sud-Kivu. La décision a été prise à l’issue d’un Conseil provincial de sécurité. Mais cette décision avait été vue comme liberticide par l’Union Nationale de la Presse du Congo (UNPC), section du Sud-Kivu. Darius Kitoka son Président s’y était farouchement opposé.

Lire aussi: Sud-Kivu : l’UNPC recadre le ministre de l’Intérieur, après l’interdiction des émissions et débats à « caractère tribal »

Deuxième événement c’est un problème qui opposait la Radio Svein Bukavu et un agent de la Commune d’Ibanda. Là encore, le Ministre de l’Intérieur prend sa plume et demande qu’on « punisse » la radio parce que pour lui, « elle manquait du respect aux autorités ».

C’est à lui que l’Union Nationale de la Presse accompagnée de PPI et SOS IJM a remis le mémorandum réclamant plus de liberté et de protection pour la presse. Sera-t-il différent maintenant qu’il est à la tête de la province et qu’il est saisi sur les actes graves contre les médias et les journalistes ou maintenant qu’il dirige lui seul? C’est ce que les défenseurs de la liberté espèrent. 

Issu de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) avec une longue tradition démocratique avec son expérience au sein de l’opposition, l’actuel Gouverneur doit absolument convaincre et prouver que les médias ne sont pas des ennemis mais des partenaires dans la bonne gouvernance pour le développement de la province. 

Comprendre une fois pour toute que critiquer une autorité n’est pas l’insulter et qu’une presse libre fait partie des droits humains les plus élémentaires. 

Va-t-on donc tourner la page Ngwabidje concernant les violations du droit de la presse? C’est ce que nombreux journalistes de la presse libre espèrent. Le Sud-Kivu ne peut plus se permettre la pensée unique!

Bertin Bulonza

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2 commentaires

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