Intervenons-nous

Sept mois jour pour jour après la prise de la ville de Bukavu par la rébellion du M23-AFC, soutenue par le Rwanda, la Société Civile du Sud-Kivu tire la sonnette d’alarme. Elle dénonce une multiplication d’abus et de violations des droits humains contre la population civile, allant des assassinats aux enlèvements, en passant par les tueries, les vols à mains armées et l’engagement forcé de jeunes dans l’armée dite « révolutionnaire ».

Selon cette structure citoyenne, ces pratiques instaurent une terreur grandissante. « Les enlèvements, les messages de familles avec des photos de personnes disparues – en majorité des jeunes – se multiplient. Plusieurs promotions de jeunes formés par le mouvement rebelle se succèdent, suscitant la crainte que cela devienne une source d’insécurité.

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Ces recrues apprennent à manier les armes en une ou deux semaines seulement et s’exhibent ensuite en tenue militaire, sans grade. Cela représente un danger évident pour la sécurité des personnes et de leurs biens », déclare-t-elle, soulignant que la circulation des armes n’est pas contrôlée dans Bukavu et ses environs. La Société Civile ajoute que beaucoup d’armes abandonnées par les FARDC restent introuvables et pourraient être tombées entre de mauvaises mains.

Face à cette situation, elle appelle l’administration rebelle du M23/AFC à respecter la vie humaine et à cesser de cibler la population civile pour « monter les enchères » dans des dialogues « dont l’issue est presque connue ».

Elle critique notamment la libération de prisonniers de guerre impliqués dans des crimes graves, y voyant une « compensation pour la commission de crimes », ce qui ne rassure pas les victimes et n’offre aucune garantie de non-répétition. Elle met en garde contre des négociations réduites au partage du pouvoir, sans prise en compte des besoins sociaux et économiques.

« L’administration doit éviter de jouer la carte de ceux qui freinent l’essor de la RDC, et revoir toutes les mesures cavalières qui aggravent la souffrance d’un peuple qui a déjà trop souffert », insiste-t-elle, plaidant pour un Congo uni, fort, pacifique et cohésif.

La Société Civile du Sud-Kivu dénonce aussi 14 attaques d’églises depuis l’arrivée du M23 à Bukavu, dont la plus récente a visé le couvent des prêtres situé près de l’hôpital FOMULAC Katana, dans la nuit du 28 août 2025.

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Selon elle, « en sept mois d’administration rebelle, la province du Sud-Kivu a reculé de plus de 20 ans : famine, chômage massif dû au dysfonctionnement des services étatiques, insécurité grandissante, souffrance indescriptible de la population ». Elle constate que pendant ce temps, les dialogues internationaux se multiplient à Washington et à Doha « sans issues palpables », alors qu’une nouvelle initiative de paix vient d’être annoncée sous l’égide de l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki.

La Société Civile salue aussi l’implication de la CENCO-ECC et l’adhésion d’autres confessions religieuses à ce processus, tout en s’interrogeant : « Pour combien de temps encore le peuple devra-t-il endurer toutes ces souffrances imposées par la guerre ? » Elle note enfin que le processus de Luanda-Nairobi semble suspendu, sans perspective claire.

Les Forces Vives rejettent par ailleurs en bloc les accusations selon lesquelles elle aurait demandé aux FARDC de ne pas défendre l’intégrité territoriale face au M23 lors des affrontements de janvier 2025. Elle précise que « les FARDC ont livré leur dernier combat à Kasheke, avant les replis dits stratégiques qui ont suivi ». Elle rappelle aussi que des interpellations de généraux ont eu lieu, mais que la suite des procès pour établir les responsabilités se fait toujours attendre.

Enfin, la Société Civile du Sud-Kivu insiste qu’il n’existe aucune administration parallèle en son sein. « Le Bureau de Coordination est un et indivisible. Il n’y a que la Présidente qui peut l’engager vis-à-vis des tiers, conformément à la Charte. Toute autre personne qui s’octroie cette attribution engage uniquement sa propre responsabilité », conclut-elle.

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