À peine dans la vingtaine, Junior Mudekereza appartient à cette génération qui refuse d’attendre que les solutions tombent du ciel. Il entreprend, il tente, il expérimente. Dans une ville comme Bukavu, pleine de défis mais riche en opportunités, son engagement prend des allures de symbole.
De son vrai nom Bachibone Mudekereza Junior, ce jeune homme né et grandi à Bukavu s’est donné une mission : contribuer à résoudre une partie du défi alimentaire local. Et il s’y consacre avec une énergie qui force l’admiration.
Étudiant en médecine à l’Université Catholique de Bukavu, Junior a très vite compris que les bancs de l’université, à eux seuls, ne suffiraient pas à répondre aux réalités quotidiennes de la vie. Il voulait bâtir quelque chose de concret, d’utile et surtout durable.
C’est ainsi qu’est née Junior’s Chicken, une initiative ambitieuse qui vise à réduire la dépendance de Bukavu aux poulets importés du Rwanda.
« Chez nous, beaucoup ont pris l’habitude de s’approvisionner au Rwanda, et c’est devenu une dépendance. J’ai compris que rester à attendre les opportunités ne suffirait pas », confie-t-il.

Une aventure commencée avec trois fois rien
Pas de grand capital, pas de vaste terrain : juste un petit espace, quelques économies et une conviction profonde que l’action vaut mieux que l’attente. À force de patience et de travail, Junior développe son expérience et augmente progressivement sa capacité de production.
Aujourd’hui, sa ferme avicole compte plus de 700 poules, élevées principalement pour la production de poulets de chair. Grâce à cette production, des hôtels, restaurants, traiteurs et ménages de Bukavu s’approvisionnent désormais directement chez lui. Une vraie contribution au « consommer local ».
En complément, Junior a lancé une plantation d’un hectare d’aubergines à Kavumu. Une activité qui augmente ses revenus tout en renforçant l’offre alimentaire dans la région. Pour lui, agriculture et élevage restent des outils puissants pour aider les jeunes à gagner leur autonomie et à ne pas dépendre indéfiniment des parents.
Le parcours n’est pas un long fleuve tranquille. Manque d’appui financier, hausse du prix des intrants, difficultés d’accès aux poussins, coupures d’électricité, coûts élevés des aliments, insécurité persistante à l’Est… Les obstacles s’accumulent. Mais Junior ne flanche pas.
« Oui, il y a beaucoup de défis. Mais malgré tout, on s’efforce de les relever. On ne peut pas arrêter de produire, on ne peut pas arrêter d’approvisionner notre population. »

Une détermination qui témoigne d’une maturité rare.
Junior voit loin. Très loin. Il sait que l’aventure ne fait que commencer. Il veut étendre ses activités dans les années à venir, d’abord à l’échelle nationale, puis au-delà. Voir ses produits circuler partout en RDC, et pourquoi pas à l’international, est un objectif assumé.
Un message aux jeunes : commencer petit, mais commencer
À l’occasion de la Semaine mondiale de l’entrepreneuriat, il adresse un message clair aux jeunes : oser, prendre des risques, partager ce qu’on sait, ne pas laisser la peur imposer ses limites.
Pour lui, l’entrepreneuriat ne concerne pas ceux qui ont beaucoup, mais ceux qui acceptent de commencer avec peu, d’apprendre chaque jour et de persévérer malgré les embûches.
Dans un Bukavu où les jeunes sont parfois tentés par la résignation ou les raccourcis, Junior Mudekereza incarne une autre voie : celle du courage tranquille, du travail patient et de l’action utile.

