Intervenons-nous

Alors que le taux de change du dollar américain recule face au franc congolais, les prix du transport n’ont pas bougé dans le territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu. Une situation qui surprend de nombreux habitants, mais que les conducteurs justifient par divers facteurs économiques et logistiques.

C’est ce qu’a constaté, ce lundi 10 novembre 2025, un reporter de La Prunelle RDC lors d’une descente au rond-point Kiwanja, principal carrefour du territoire.

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Sur plusieurs axes routiers — notamment Kiwanja-Goma, Kiwanja-Kibirizi, Kiwanja-Vitshumbi ou encore Kiwanja-Nyamilima — les tarifs restent les mêmes : 15.000 FC par passager sur moto pour les trajets longs, et 10.000 FC pour la destination de Nyamilima. À l’intérieur de l’agglomération, les courses locales conservent également leurs anciens prix.

Interrogés, plusieurs conducteurs de motos expliquent ce statu quo par la rareté des voyageurs, le mauvais état des routes, mais aussi la persistance de prix élevés pour les pièces de rechange.

« De Kiwanja à Nyamilima, nous demandons toujours 10.000 FC, et 15.000 jusqu’à Goma. Le problème, c’est que les clients se font rares et que la crise économique continue. Même si le dollar baisse, les prix des articles comme l’huile moteur ou les pièces détachées ne changent pas. Alors nous ne pouvons pas réduire le prix du transport », témoigne Aristote Bakurije, conducteur de moto rencontré au rond-point Kiwanja.

Du côté des passagers, les frustrations sont nombreuses. Beaucoup espéraient que la baisse du taux de change entraînerait une réduction proportionnelle des tarifs, facilitant ainsi leurs déplacements et leurs activités économiques.

D’autres conducteurs rencontrés sur place, notamment Emery Bakaya et Jean Kiwede, tous deux transporteurs de charbon de bois vers Goma, évoquent d’autres obstacles.

« Nous transportons un sac à 25.000 ou 30.000 FC. Mais nous payons aussi des taxes : sur 100.000 FC, il faut donner 20.000 FC. En cas de panne, il faut payer la réparation. Et avec l’état de la route à Rugari ou à Burai, les risques sont grands. Si on tombe ou qu’on a besoin d’aide, il faut encore payer ceux qui nous assistent. Tant que le taux du dollar ne se stabilise pas, on ne peut pas baisser les prix », expliquent-ils.

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Dans la cité de Kiwanja, un dollar américain s’échange actuellement entre 23.000 et 25.000 FC, contre 30.000 à 32.000 FC il y a encore quelques semaines. Une baisse notable du taux, mais sans effet immédiat sur les coûts du transport, des produits pétroliers ou des pièces mécaniques.

Les habitants de Rutshuru espèrent néanmoins une répercussion tangible de cette évolution du marché monétaire sur leur quotidien, notamment dans le secteur du transport, essentiel pour relancer les activités économiques dans cette zone longtemps marquée par l’insécurité et l’instabilité.

Mwenge Kake

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