Le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, a mis en garde, mardi 2 septembre 2025, contre les discours discriminatoires visant la communauté Banyamulenge. S’exprimant lors d’un briefing, il a dénoncé la manière dont la coalition RDF-M23 instrumentalise cette communauté, prétendant la protéger tout en massacrant d’autres populations.
Muyaya est revenu sur les obsèques du colonel Alexis Rugabisha, récemment élevé à titre posthume au grade de général. Il a rappelé que cet officier, bien qu’issu de la communauté Banyamulenge, n’a jamais été identifié sur la base de son appartenance ethnique mais comme patriote tombé pour la République.
« Vu les honneurs qui lui ont été rendus, le même jour qu’un gouverneur et un lieutenant-général, cela témoigne de la considération que la République accorde à ceux qui choisissent de mourir pour la patrie », a-t-il déclaré.
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Le président de la République, Félix Tshisekedi Tshilombo, a, à maintes fois, exprimé son exaspération face aux discriminations dont sont accusés les Banyamulenge. Il a dénoncé des discours haineux qui servent de prétexte au Rwanda pour justifier son intervention en RDC.
« Il y a des Banyamulenge qui sont morts pour cette République et sous le drapeau. J’en ai assez de ce discours qui consiste à discriminer ces populations et à donner ainsi l’occasion à des régimes barbares comme celui du Rwanda de nous envahir sous des fallacieux prétextes », a affirmé le chef de l’État.
Patrick Muyaya a rappelé que des membres de cette communauté participent activement à la vie nationale. Il a cité leur présence dans l’armée, au gouvernement, au Parlement, mais aussi dans les médias à travers l’émission « Congo Telema » sur la RTNC, où ils interviennent régulièrement.
« C’est pour vous dire qu’au niveau du gouvernement nous ne faisons pas de distinction. Il faut faire attention à la dangerosité des discours », a-t-il souligné, insistant sur le fait que la RDC compte plus de 450 ethnies appelées à coexister pacifiquement.
Le porte-parole a averti que la stigmatisation des Banyamulenge peut ouvrir une brèche à l’ennemi et servir de justification à de nouvelles violences, alors que cette communauté est elle-même victime des conflits armés.
Pour rappel, le colonel Rugabisha, commandant de la 12ᵉ brigade des FARDC, a été tué le 13 août dernier à Mukwinja, dans le territoire de Kalehe (Sud-Kivu), lors d’affrontements entre l’armée congolaise et les rebelles du M23-AFC.
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Par ailleurs, le 3 septembre, la ville d’Uvira, siège provisoire des institutions provinciales du Sud-Kivu, a été paralysée par un mouvement de « ville morte ». À l’appel de la Nouvelle Société Civile Congolaise (NSCC) Sud-Sud-Kivu, des habitants et les forces d’autodéfense Wazalendo exigent le départ immédiat du général Olivier Gasita, commandant adjoint de la 33ᵉ région militaire chargé des opérations et du renseignement.