Intervenons-nous

« Le temps de la bêtise magnifiée » est un texte de Ali Issa; jeune Assistant à l’Université de Goma au Nord-Kivu. Enarque issu de la première promotion de l’Ecole Nationale d’Administration, il axe ses recherches sur la gouvernance et le leadership transformationnel.

Laprunellerdc.info, vous propose en intégralité le texte:

« Que d’énergie dépensée par nos chefs ! Ils se livrent une guerre au couteau depuis des mois pour contrôler ou pour dénoncer le contrôle réel ou fictif du Parlement.

 La démocratie, dans tout ça, est dans de beaux draps. La prise du pouvoir, toujours aux dépens de l’autre, n’est pas un moyen pour rassembler, souder les différences dans l’application d’un programme politique, une proposition de développement viable, fiable, dépourvue de ces slogans abêtissants pour un peuple pas toujours convié à l’effort.

 Le pouvoir, hélas, est souvent une fin pour des gens qui ont faim. Le cercle vicieux, en se perpétuant, permet à la corruption de se renforcer sur fond d’une économie exsangue, incapable d’atteindre un taux de croissance à deux chiffres alors que la population croît à un rythme qui n’en finit pas de susciter de grandes préoccupations.

 Cette masse de bras –dotée d’un petit nombre de cerveaux intellectuellement et professionnellement meublés- candidate à l’exode, a été appauvrie un peu plus depuis l’accession à l’indépendance.

En quelques mois, sous l’effet covid-19, des millions de gens ont fait un pas de plus vers la pauvreté extrême.  Quand ils se vilipendent, ni les tambourinaires du nouveau pouvoir, ni les opposants ne proposent des idées novatrices pour sortir le grand Congo de Lumumba du trou avec ces millions de gens.

C’est le temps de la poudre aux yeux et des insultes d’opposants aigris. Ils ne jurent que par le pouvoir à prendre, que par la pérennisation de leur clan au pouvoir.

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 Dans ce jeu de dupes, toutes les cartes sont pourtant visibles. Et les tuteurs internationaux dans tout ça ? Ils connaissent la musique. Eux qui ont des plans à n’en plus finir à chaque fois que les congolais, dans « ce grand jeu de cons », s’excitent, brûlent des pneus, cassent et font la une de France 24.

 La main sur le cœur avec raison parfois, en off, ils s’étonnent du niveau de bêtise des chefs congolais. Oui, de bêtise et d’entêtement de ces derniers, peu inspirés. Dans la littérature politique mondiale, il ne manque cependant pas les histoires des peuples qui ont su inventer ou réinventer l’intelligence nationale, patriotique qui commande des « sacrifices de lucidité » pour leur pays.

Ces peuples ont, ce faisant, réduit l’influence de puissances étrangères dans la politique intérieure de leur Etat pays. En respectant la loi, le principe de l’alternance politique, la préférence en faveur de l’économie locale.

Dans ce désert de propositions, de vision de société, les extrêmes ont la part belle. Comme si le pays devait se résumer à cela. Entretemps, la course à la mauvaise nouvelle se poursuit.

Nous sommes comme à la saison des mauvaises nouvelles. Les informations concernant les personnes tuées, portées disparues, kidnappées, violées défilent en boucle sur nos écrans.

Ces jours-ci nous ne savons pas pour quelle victime nous devons protester, pleurer ou prendre de la peine tant les cas sont nombreux. Mais qui ose en parler parmi nos brillants politiciens ?

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La rare bonne nouvelle des derniers jours était la baisse des cas de contamination à covid-19. Hélas, là aussi, les choses changent et nous payons les frais de la faillite de notre système sanitaire.

Même en ce temps de pandémie, nous sommes restés égaux à nous-mêmes, peuple du pays du grand show off, de la cigale.

Personne ne se rappelle que l’on danse sur des plaques tectoniques qui valsent et qui pourront emporter des centaines de milliers d’entre nous dans la merde. Personne ne comprendra qu’il est temps de mettre un terme au temps de la bêtise »

Ali Issa

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2 commentaires

  1. Michel Belange Ibanda on

    Un bon article, interpellateur pour nous qui soutenons tel ou tel autre camp sans pour autant que soient résolus nos problèmes quotidiens

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