Le président de la République démocratique du Congo a rendu public, jeudi 7 août 2025, la composition de son nouveau gouvernement, dit « Suminwa II », dirigé par la Première ministre Judith Suminwa. Cette annonce suscite des réactions mitigées, notamment dans l’Est du pays, où la population attendait des changements forts face à la crise sécuritaire persistante.
Contactées par la rédaction de La Prunelle RDC ce lundi 11 août, plusieurs personnalités du Sud-Kivu ont exprimé leur inquiétude quant à cette nouvelle équipe gouvernementale, jugée peu innovante, avec des visages connus et peu d’avancées concrètes sur la paix et le développement.
Lire aussi : Judith Suminwa à Goma : « Nous venons discuter sur place avec les forces vives concernant les mesures d’atténuation de l’État de siège »
Pour Nene Bintu, présidente du Bureau de Coordination de la Société Civile du Sud-Kivu, ce remaniement est « un non-événement » :
« La plupart des ministres ont été reconduits, et face aux violences qui ravagent le Nord et le Sud-Kivu, je ne m’attends pas à grand-chose », déclare-t-elle.
Elle souligne aussi que le gouvernement devait être un « gouvernement d’union nationale », intégrant notamment l’opposition et la société civile, ce qui ne semble pas être le cas :
« On reste dans l’attente de savoir qui, parmi ces deux autres composantes, a été nommé. »
Nene Bintu insiste sur l’urgence des préoccupations à l’Est : la paix et le développement.
« Il y a moins de trois semaines, des filles et fils de Kabare ont été tués, il y a deux semaines, des frères assassinés à Kaniola et Mulamba, malgré le cessez-le-feu annoncé. On ne sait plus où va le pays », s’alarme-t-elle.
Elle déplore également l’inefficacité des mesures sécuritaires : « Le ministre de l’Intérieur, reconduit, circule pour recruter des jeunes pour la formation depuis plus de six mois, mais l’insécurité persiste ».
Sur la représentation des femmes, Agnès Lwashiga, coordinatrice du Coccus des femmes au Sud-Kivu, dénonce une faible présence féminine au gouvernement.
« Sur 53 membres, seules 17 sont des femmes, soit 32 % de représentativité. Cette avancée n’est pas significative. Elle dénote une négligence et un non-respect de la parité en RDC, alors que notre pays regorge de femmes capables de contribuer au développement », souligne-t-elle.
Elle rappelle l’article 14 de la Constitution de 2006, toujours en vigueur, qui exige l’élimination de toute discrimination à l’égard des femmes et leur pleine participation au développement.
Pour Solange Lwashiga, la priorité du nouveau gouvernement doit être le bien-être de la population, surtout dans l’Est.
« Ce que veulent les femmes de l’Est, c’est un pays paisible, où les coups de feu cessent et où l’on peut circuler librement sans traverser une frontière étrangère. Il faut aussi le soutien de ceux qui peuvent nous aider », affirme-t-elle.
Lire aussi : RDC : le gouvernement condamne le massacre de plus de 300 civils au Nord-Kivu
Rappelons que le gouvernement Suminwa I comptait 54 ministres, alors que la nouvelle équipe en compte 53.
Nene Bintu et Agnès Lwashiga rappellent au président de la République qu’il est le garant de la nation et que lui ainsi que son gouvernement doivent tout mettre en œuvre pour protéger les populations et leurs biens.
« Cessons la distraction dans ce pays, aimons cette patrie qui nous est chère, car la vie est sacrée », concluent-elles.