La Nouvelle Dynamique de la Société Civile (NDSCI) accorde un délai de 72 heures à l’Inspecteur général des Finances Jules Alingete, afin de retirer « purement et simplement » ses propos et présenter des excuses « sincères » à l’ensemble du peuple congolais. Cette structure citoyenne l’a dit ce mercredi 27 avril 2022, au lendemain d’une sortie médiatique au cours de laquelle Jules Alingete a affirmé qu’il n’y a « jamais » eu de guerre en RDC.
Lors d’un forum d’investisseurs tenu à Houston, aux États-Unis, Jules Alingete a soutenu qu’il n’existe pas de guerre en RDC, et que 95% du territoire de la RDC est sécurisé.
Dans une Lettre ouverte lui adressée, la NDSCI estime que cette sortie médiatique est « trop dangereuse », en ce moment où la RDC fait face à la résurgence des discours divisionnistes.
A défaut de retirer ses propos, la NDSCI annonce qu’une série d’actions citoyennes seront déclenchées, pour exiger sa démission de toutes les fonctions publiques qu’il occupe.
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Lettre ouverte de la Nouvelle Dynamique de la Société Civile, NDSCI, adressée à l`IGF Jules ALINGETE KEY
Objet : « Vos propos frustrent les populations de l’Est et sapent les efforts de l’unité et cohésion nationales »
Monsieur l’Inspecteur Général,
C’est avec un très grand regret que nous avons suivi dans une vidéo devenue virale sur la toile vos propos que nous considérons comme irresponsables et méprisants à l’endroit de nos compatriotes de la partie orientale de notre pays qui subissent depuis plusieurs décennies les affres de la guerre que connaît notre pays depuis 1996.
Ce qui est plus grave encore c’est la manière simpliste et méprisante avec laquelle vous présentez cette partie de notre pays sur un ton divisionniste et ségrégationniste comme si les compatriotes de ces régions situées à 2000 Km n’étaient pas Congolaises et congolais. Des tels propos, tenus de surcroît à l’étranger, sapent tous les efforts d’unité nationale et de construction de la Nation congolaise et interviennent à une période où les propos haineux et un tribalisme inquiétant sont devenus habituels en RDC même de la part des hauts responsables politiques.
Faut-il vous rappeler que les Congolaises et Congolais de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud, des grandes villes comme des villages très reculés à des milliers de kilomètres de Kinshasa sont toutes et tous filles et fils d’une même mère qu’est la République Démocratique du Congo, notre patrimoine commun ?
Faut-il aussi vous rappeler que votre sortie est trop dangereuse en ce moment où notre pays fait face à la résurgence inquiétante des discours divisionnistes contre lequel est résolument engagé le Président de la République comme en témoigne cette grande rencontre en cours actuellement à Lubumbashi et où il est, par ailleurs, attendu ce jour ?
Monsieur l’Inspecteur Général,
La guerre imposée à notre pays par plusieurs acteurs dont certaines puissances internationales et pays voisins ayant des visées et appétits expansionnistes et de contrôle de nos ressources naturelles et minières a déjà suffisamment endeuillé le peuple congolais : plus de sept millions de morts pour certains, près de dix millions de morts pour d`autres. Ces morts ne l’ont pas été par ce que vous affirmez : banditisme ou simple terrorisme.
Dans l’histoire de l’humanité, il y a aucun terrorisme qui a déjà causé autant de morts comme c’est le cas dans notre pays. Même les deux guerres mondiales mises ensemble n’ont pas entraîné autant de morts comme c’est le cas chez nous en RDC. Et tout bon congolais a le devoir patriotique de s’incliner devant la mémoire de ces compatriotes fauchés par ces guerres interminables dans notre pays.
Faut-il encore rappeler à votre souvenance que ce n’est pas pour résoudre un problème de simple criminalité et des petits pillards et coupeurs des routes, que Son Excellence Monsieur le Président de la République, Félix – Antoine TSHISEKEDI de qui vous dépendez directement a eu à décréter l’état de siège dans deux des provinces de l’Est : le Nord-Kivu et l’ITURI.
Devons-nous aussi vous rappeler toutes les initiatives nationales, sous-régionales et internationales en cours sous la houlette du Président de la République pour mettre fin aux conflits armés en cours dans les régions de l’Est du pays ?
Ce n’est pas pour le tourisme que nous hébergeons la plus importante mission de maintien de la paix des Nations Unies au monde avec près de 20000 hommes de troupe déployés dans notre pays.
Dire que le Congo n’est pas en guerre c’est méconnaître l’histoire de notre pays et c’est surtout cracher sur la mémoire de tous ces millions de nos compatriotes morts ; c’est remuer le couteau dans les plaies encore béantes de ces familles qui ont perdu les leurs, c`est aussi aggraver les blessures de ces milliers de femmes victimes du viol utilisé comme arme de guerre.
Faut-il vous rappeler enfin que ce n’est pas par les mensonges et le déni de la réalité voire le mépris des millions de congolais des régions de l’Est que les investisseurs viendront au Congo.
Les facteurs favorisant l’attractivité des investissements étrangers sont connus et la sécurité constitue la préoccupation majeure à cet effet à côté d’autres facteurs aussi orientés vers l’amélioration du climat des affaires et la lutte contre la corruption et l’impunité.
Face à tout ce qui précède et vu la gravité de vos propos, la Nouvelle Dynamique de la Société Civile en RDC et, à travers elle, des millions de congolais choqués par vos propos :
- Vous recommande de retirer purement et simplement tous vos propos et présenter dans les 72 heures vos excuses sincères à l’ensemble du peuple congolais ;
- Vous déclare « persona non grata » dans toutes ces provinces et milieux situées à 2.000 Km de vos bureaux et salons huppés et climatisés bien nourris et entretenus par l’argent provenant aussi, pourtant de ces régions et leurs populations ;
- A défaut de cela, une série d’actions citoyennes sera déclenchée pour exiger et obtenir votre démission de toutes vos actuelles responsabilités publiques ;
- Invite l’ensemble du peuple congolais à demeurer dans la cohésion et l’unité nationales et à faire de la guerre qui endeuille l’Est du pays une question nationale et à s’opposer à toute tentative de division de notre pays.
Monsieur l’Inspecteur Général,
En espérant que vous tiendrez compte du contenu de la présente et que vous reviendrez à la raison pour privilégier le vouloir vivre ensemble et honorer la mémoire de tous nos morts, nous vous prions de recevoir nos salutations patriotiques.
Pour la NDSCI,
- Jean Chrysostome KIJANA,
Président National