Intervenons-nous

    Dans son rapport publié ce samedi, l’ONG Journaliste En Danger (JED) tire la sonnette d’alarme sur la situation de la liberté de la presse en République Démocratique du Congo. Depuis 1994, l’organisation recense 2 670 violations touchant directement les journalistes et les médias, incluant assassinats, disparitions, détentions arbitraires et destructions d’infrastructures médiatiques.

    Selon JED, ces atteintes se sont intensifiées dans les zones marquées par les conflits, notamment celles sous influence de la rébellion du M23 affiliée à l’AFC. Les journalistes y subissent des pressions politiques et des intimidations, limitant fortement l’accès à une information libre et pluraliste.

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    Le rapport souligne également l’influence des autorités publiques dans cette détérioration. Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC) a imposé une forme de « séquestration politique » de l’information, interdisant aux médias de diffuser toute nouvelle relative à la rébellion sans se référer exclusivement aux sources officielles.

    Les principales violations recensées par JED

    • Arrestations et emprisonnements : la catégorie la plus fréquente, avec des journalistes détenus arbitrairement et souvent pour des durées indéterminées.
    • Censure : fermeture de médias, interdiction d’émissions et destruction d’installations pour imposer le silence.
    • Violences physiques : agressions, parfois suivies d’assassinats.

    Un constat alarmant ressort : l’impunité quasi totale. Près de trente journalistes assassinés figurent sur une « liste ouverte » car leurs meurtriers restent libres, faute d’enquêtes sérieuses de la police ou de la justice congolaise. JED réclame d’ailleurs la reconnaissance nationale pour ces professionnels tombés au service de l’information.

    Face à cette situation critique, JED appelle à des mesures immédiates pour protéger les journalistes et mettre fin au cycle de violations. L’ONG insiste pour que la liberté de la presse et la sécurité des médias soient intégrées comme un point incontournable dans les discussions entre Kinshasa et l’AFC-M23, afin de garantir le suivi du processus de paix dans un climat sûr et transparent.

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    Pour JED, le temps n’est plus à la simple dénonciation : la réparation structurelle et la garantie de l’État de droit sont indispensables pour que l’information cesse d’être un crime et que la démocratie retrouve sa crédibilité.

    Joseph Aciza

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