Des acteurs sociopolitiques congolais expriment leurs inquiétudes face aux pétitions initiées par certains députés nationaux visant la destitution de membres du bureau de l’Assemblée nationale, dont son président Vital Kamerhe. Plusieurs craignent que cette fronde débouche sur une modification de la Constitution, alors que le pays traverse de graves crises sécuritaires et politiques.
Les frondeurs accusent Kamerhe de gestion opaque, d’arriérés de plusieurs mois de salaires et de non prise en charge médicale des élus. Ils affirment avoir recueilli 261 signatures et promettent, lors de l’ouverture de la session de septembre, d’aller jusqu’au bout de leur démarche.
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Mais cette initiative suscite de vives critiques. Le président de l’Association africaine de défense des droits de l’homme (ASADHO), Jean-Claude Katende, s’interroge sur l’intérêt du peuple dans cette bataille parlementaire.
« Quelle est la part du peuple dans la bataille qui se passe à l’Assemblée nationale ? » demande-t-il, avant de regretter que « tout soit focalisé sur l’argent et le pouvoir », soulignant que la classe politique a « perdu le rêve de nos pères fondateurs : bâtir un pays plus beau qu’avant ».
Le mouvement citoyen Lutte pour le Changement (LUCHA) dénonce, pour sa part, un « acharnement politique » contre Kamerhe et d’autres membres du bureau.
« Les députés congolais s’acharnent à vouloir déchoir leur président pour des querelles politiques et une hausse des émoluments. Mais face à l’occupation rwandaise et aux massacres des ADF au Kivu, aucune initiative parlementaire sérieuse. Ce spectacle est honteux et répugnant », a écrit le mouvement sur son compte X.
Dans l’opposition, le porte-parole de la coalition Lamuka, Prince Epenge, estime que l’Union sacrée chercherait à placer un président de l’Assemblée nationale « inconscient et suicidaire », capable de conduire à un changement constitutionnel en pleine guerre.
« Si Vital Kamerhe est incompétent, alors tous ces députés illégitimes sont aussi incompétents », a-t-il lancé.
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Olivier Kamitatu, secrétaire du parti d’opposition Ensemble pour la République de Moïse Katumbi, va plus loin en affirmant que l’objectif caché serait de modifier l’article 220 de la Constitution, supprimer le poste de Premier ministre et instaurer un mandat présidentiel de sept ans. Selon lui, un vice-président issu de la majorité accompagnerait le chef de l’État.
« Le ticket est déjà écrit : Tshisekedi et Jean-Pierre Bemba », prévient-il, dénonçant un mécanisme « froid, mécanique et implacable : d’abord écarter Kamerhe — le dauphin naturel. Ensuite, faire passer la loi ».
Plusieurs voix rappellent que les priorités devraient plutôt se concentrer sur la situation dramatique à l’Est du pays, où le groupe armé M23-AFC continue d’occuper de nouvelles entités. En attendant, la population observe l’évolution de ce feuilleton parlementaire, alors que la RDC traverse une période de fortes tensions sécuritaires et politiques.