Intervenons-nous

La Cour chargée du procès de Roger Lumbala a rejeté ce jeudi 21 novembre l’exception d’incompétence soulevée par la défense, confirmant que toutes les vérifications légales avaient été effectuées avant l’ouverture des poursuites en 2021. Cette décision valide la compétence du tribunal et ouvre la voie à la poursuite des auditions et à l’examen des preuves contre l’ancien chef du RCD-N.

Les preuves et témoignages révèlent l’ampleur des crimes

Durant la deuxième semaine du procès, plusieurs experts et représentants d’ONG parties civiles ont décrit en détail les violences commises à l’est de la RDC dans les années 2000 et le rôle présumé de Lumbala. Julien Blanc, enquêteur de l’OCLCH, a présenté documents officiels, photographies et échanges téléphoniques démontrant l’implication de Lumbala dans les opérations militaires de 2002-2003, sa position hiérarchique au sein du RCD-N et la coordination avec le MLC. Des membres de l’Équipe spéciale d’enquête de l’ONU ont décrit des pillages, meurtres, viols, tortures et déplacements massifs de population dans la région de Mambasa.

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Xavier Macky Kisembo (Justice Plus) a exposé les méthodes utilisées pour identifier les victimes et les constitutions de partie civile, tout en soulignant les obstacles rencontrés : menaces, accès limité aux zones de conflit et campagnes de dénigrement. Dickson Dikangu Kalela (CAD) a rappelé l’importance symbolique de la procédure. Les représentantes de Clooney Foundation for Justice ont présenté l’analyse de l’économie du conflit et l’urgence de documenter les violences sexuelles, tandis que LIPADHOJ et Minority Rights Group ont insisté sur la crainte persistante de représailles et la marginalisation des communautés autochtones.

Pascal Turlan a expliqué le fonctionnement de la CPI et des juridictions hybrides. Daniele Perissi (TRIAL International) a détaillé l’identification des victimes et témoins et la convergence des preuves. Céline Bardet (We Are Not Weapons of War) a décrit les schémas de violences sexuelles au Kivu et au Kasaï. Mark Lattimer a retracé l’opération « Effacer le tableau » (2002-2003), confirmant la présence de Lumbala sur le terrain et les déplacements massifs de populations.

Le professeur Luc Henkinbrant, coauteur du Rapport Mapping de l’ONU, a souligné l’importance du projet et la faiblesse de la justice nationale. Thierry Michel, réalisateur, a présenté son film L’Empire du Silence, rappelant la visibilité offerte aux victimes par le procès. Le général Pichard et l’adjudant Blanc ont détaillé les éléments de preuve recueillis depuis 2016, confirmant l’organisation et la brutalité des opérations.

Les auditions ont montré l’organisation militaire et politique des opérations, avec la documentation de lettres officielles et de preuves illustrant l’autorité de Lumbala. Les experts de l’ONU ont confirmé les violences systématiques : pillages, exécutions, viols et déplacements massifs. Pierre-Antoine Braud a conclu à un système où Lumbala exerçait un pouvoir politique tandis que les commandants mettaient en œuvre les opérations militaires.

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L’anthropologue Jérôme Lewis a décrit la vulnérabilité des communautés bambuti, exposées à des violences extrêmes. La cour a également examiné des rapports onusiens sur l’alliance entre RCD-N et MLC et sur l’escalade des violences à Isiro et Mambasa. Enfin, le journaliste Guy Boyoma a présenté ses reportages de terrain, détaillant les rôles de Lumbala et du commandant Ndima, l’usage de taxes et approvisionnements, ainsi que l’impact sur la population civile.

Divine Busime

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