L’Institut International d’Agriculture Tropicale (IITA) vient de présenter les souches atoxigènes «d’Aspergillus flavus», identifiées pour la production du produit Aflasafe, en vue de lutter contre les aflatoxines. La présentation de ces souches de production de l’aflasafe est intervenue ce vendredi 8 octobre 2021 au cours d’un atelier organisé par l’IITA, regroupant les partenaires du Projet Intégré de Croissance Agricole dans les Grands Lacs (PICAGL).
Selon le chef de station de IITA Kalambo, Jacob Mignouna, l’objectif de cet atelier était de présenter aux participants ces souches atoxigènes déjà identifiées pour la production du produit Aflasafe « RDC01 » et le plan des essais de l’efficacité de ce produit dans les champs des producteurs.
Cet atelier visait également à présenter les différents sites déjà identifiées pour la planification des essais de terrain de l’aflasafe.
Procédant à l’ouverture de cet atelier, Byachanda Shabidoke, Ministre provincial de l’agriculture au Sud-Kivu, a promis l’implication du Gouvernement pour l’homologation et la certification de ce nouveau produit «Aflasafe» dans le domaine agricole, pour que les agriculteurs de la province en particulier et du pays en général l’utilisent dans la lutte contre les aflatoxines, qui sont des poisons produits par les champignons « aspergillus flavus » et qui ont un impact sur la vie humaine et animale.
Celui-ci estime que l’utilisation de l’aflasafe jouera un rôle dans la crédibilisation des produits agricoles de la province, dans les pays d’exportations et de commercialisation.
«Aujourd’hui nous devons créer, inventer des choses. Le produit aflasafe c’est un produit d’une technologie avancée, qui va nous aider non seulement à réduire les intoxications alimentaires mais aussi nous permettre d’avoir une production saine et compétitive. Nous au niveau du gouvernement nous ne pouvons qu’accompagner l’IITA. Nous allons mettre tous les moyens possibles pour que ce produit soit vulgarisé et bénéficie au plus petit. C’est un produit qui valorise notre image de recherche au niveau national et international, car demain on va exploiter ce produit et on dira que c’est le Sud-Kivu, l’IITA ou le Congo qui en est producteur. Donc c’est pour dire que le gouvernement est disposé à tout faire pour accompagner l’IITA pour que ce produit soit connu, et je pense que les résultats seront bons,» a soutenu le ministre Byachanda Shabidoke.
De son côté Bob Katay, représentant du coordonnateur provincial du PICAGL dans ces assises, s’est dit fier de voir que 2 ans après, les études menées par les chercheurs ont abouties à ce résultat, qui est, l’identification des souches de production de l’aflasafe pour la lutte contre les intoxications alimentaires.
Comme le ministre de l’agriculture, Bob Katay, croit que l’application de l’aflasafe dans les champs des agriculteurs du Sud-Kivu, permettra aux pays étrangers d’acheter et commercialiser les produits agricoles en provenance de cette province, sans avoir des doutes sur la bonne qualité de ces derniers.
Il a émis le vœu de voir ce produit homologué et certifié rapidement pour répondre au besoin pour lequel il a été inventé. Celui-ci conseille néanmoins que les agriculteurs mettent un accent sur les aspects de sauvegarde environnementale, avant, pendant et après l’utilisation d’aflasafe.
Il faut dire qu’aflasafe est un produit qui permet de réduire considérablement l’aflatoxine dans les cultures (maïs, sorgho, manioc); et plusieurs autres cultures régulièrement cultivées et consommées dans la région des Grands Lacs. Ce produit est en train d’être mis sur pied par l’IITA dans le cadre du projet PICAGL, pour assurer la gestion et le contrôle des aflatoxines.
Pour identifier les souches de production de l’aflasafe, le laboratoire de recherche et de formation sur l’aflatoxine du Campus de Recherche O. Obasanjo de l’IITA à Kalambo a collecté des échantillons de maïs, arachide, sorgho et tournesol auprès des ménages producteurs et des produits transformés sur les marchés locaux du Sud-Kivu, Nord-Kivu et Tanganyika, en vue de l’isolement et la sélection de souches atoxigènes d’Aspergillus flavus pour la fabrication de ce produit.
Selon l’IITA, à ce jour, les travaux de microbiologie ont été achevés et les souches atoxigènes pour la formulation du produit Aflasafe spécifique pour la RDC ont été identifiées. L’isolement et la caractérisation des souches atoxigènes à partir de maïs et d’arachide cultivés en RDC a été effectué au laboratoire de Pathologie et de Mycotoxines de IITA-Ibadan, au Nigeria alors que la caractérisation moléculaire a été faite au Laboratoire de réduction des aflatoxines dans les cultures de l’USDA-ARS à l’Université d’Arizona.
Sous un permis d’importation accordé par l’IPAPEL, ces souches atoxigènes d’Aspergillus flavus ont été rapatriées en RDC. L’objectif du rapatriement de ces souches indigènes était donc de les conserver en toute sécurité au laboratoire de recherche et de formation sur les aflatoxines de l’IITA à Kalambo et de les utiliser dans la formulation du produit de biocontrôle spécifique pour la RDC « Aflasafe RDC01 ».
En ce qui est de l’utilisation et l’accès à l’aflasafe, l’IITA explique qu’une fois que l’usine Aflasafe en cours d’installation à Kalambo sera opérationnelle, Aflasafe sera commercialisé et utilisé dans les champs des agriculteurs pour réduire les aflatoxines dans le maïs, le sorgho, le tournesol et les arachides cultivés en RDC.
Bertin Bulonza