Intervenons-nous

Il y a un an jour pour jour, Philippe Ruvunangiza recevait à New York le prestigieux Prix Courage Civil 2024, une distinction internationale récompensant son engagement constant — souvent au péril de sa vie — en faveur des droits humains, de la justice sociale et de la dignité des populations congolaises, notamment dans les zones minières de la République démocratique du Congo.

Douze mois plus tard, malgré un contexte national encore plus sombre, son engagement ne faiblit pas. À l’Est de la RDC, la reprise des hostilités a aggravé une crise sécuritaire et humanitaire qui dure depuis près de trois décennies et qui se traduit par des massacres, des viols, des meurtres et des violences d’une brutalité inimaginable. Dans cette tourmente, Philippe Ruvunangiza poursuit son combat, au pays comme à l’international, avec le même message : la responsabilité collective, l’urgence d’une exploitation éthique des ressources naturelles, et la construction d’un monde où les droits humains ont la même valeur pour tous.

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Une année d’actions, de médiations et de plaidoyers

Dans la foulée du Prix Courage Civil, Philippe Ruvunangiza a multiplié les initiatives diplomatiques et citoyennes.

Philippe Ruvunangiza
Philippe Ruvunangiza poursuit ses plaidoyers à l’extérieur du pays.

Militant de longue date au sein de la société civile congolaise, il est resté sur le terrain lors de la prise de Goma puis de Bukavu par le mouvement armé M23 en janvier et février 2025. Malgré les risques personnels, il a choisi de rester aux côtés des populations. Cette présence lui a permis de canaliser, autant que possible, l’énergie négative générée par les dynamiques de conflit. Dans une démarche résolument non violente, il a œuvré à la prévention des violations des droits humains, des exactions, des pillages et de divers débordements.

Aux côtés du Groupe des doyens de la société civile du Sud-Kivu, dont il est l’un des animateurs, il a pris part aux efforts de médiation en vue d’un retour durable de la paix en RDC et dans la région des Grands Lacs. Le groupe s’est imposé comme une force active de propositions, notamment à travers des notes de plaidoyer adressées à Massad Boulos, conseiller du président Trump pour l’Afrique, à Faure Gnassingbé, médiateur de l’Union africaine, et à Mohammed Al-Khulaifi, médiateur du Qatar. Les documents visaient à clarifier les enjeux de la crise, à orienter les décisions vers une sortie rapide et viable du conflit, et à plaider pour une aide humanitaire urgente.

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Il a par ailleurs fait partie des délégations de doyens dépêchées à Kinshasa pour mobiliser les acteurs politiques, gouvernementaux, sociaux, ainsi que les chancelleries des pays partenaires de la RDC.

De Bruxelles à Berlin : un plaidoyer sans frontières

À l’international, Philippe Ruvunangiza a conduit plusieurs missions déterminantes.

À Bruxelles

Il a notamment rencontré Hilde Vautmans, députée européenne, à qui il a présenté les attentes de la société civile congolaise, appelant les institutions européennes à soutenir les efforts de paix à l’Est de la RDC et la défense des droits humains.

Philippe Ruvunangiza
Philippe Ruvunangiza en mission à l’extérieur du pays.

À Berlin

Avec Luise Amtsberg, déléguée du gouvernement fédéral allemand aux droits humains et à l’aide humanitaire, il a discuté de la protection des civils, de l’accès à l’aide humanitaire et du renforcement des organisations locales œuvrant pour la paix.

À Bologne

Il a échangé avec le Cardinal Matteo Maria Zuppi, Archevêque de Bologne et Président de la Conférence épiscopale italienne, sur l’urgence absolue d’un retour à la paix.
Il a également sensibilisé divers acteurs de la Communauté de Sant’Egidio ainsi que l’association Le Case degli Angeli di Daniele, fondée par Nedda Alberghini et Fortunato Po.

Le 18 octobre 2025, cette association a décerné le 17 Prix international des droits humains Daniele Po à Maître Nene Bintu Iragi, Présidente du Bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu. Une récompense soutenue par de nombreuses institutions italiennes et européennes et saluant son engagement remarquable pour la paix et les droits humains dans la région des Grands Lacs.

De l’Allemagne à l’Italie, en passant par la Belgique et la France, Philippe Ruvunangiza a multiplié les rencontres avec des responsables politiques, des activistes, des groupes de jeunes, des institutions religieuses et universitaires.
Partout, il a sensibilisé sur :

  • les enjeux géopolitiques des chaînes mondiales d’approvisionnement en minerais responsables ;
  • la nécessité d’un engagement collectif pour répondre aux défis de l’exploitation minière ;
  • le rôle crucial des syndicats dans l’amélioration des conditions de travail et la promotion de la transparence ;
  • l’importance d’une traçabilité éthique des minerais.

Une vision : coaliser entreprises et communautés

Promoteur du Baromètre national pour la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), il a présenté cet outil comme un levier majeur de co-construction entre entreprises et communautés minières.
L’objectif : renforcer la capacité des communautés à négocier sur les questions de droits humains, de développement local, de protection de l’environnement et de redistribution équitable des richesses.

Soutien aux victimes de l’exploitation minière

À travers le BEST, Philippe Ruvunangiza a poursuivi son soutien à l’Association pour la Défense des Victimes de l’Exploitation Minière de Mwenga, à laquelle il avait dédié son Prix Courage Civil.

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Grâce aux ressources issues du prix et au soutien de la paroisse de Kitutu, via l’Abbé Davide Marcheselli, les dirigeants de cette association ont pu mener une mission de plaidoyer à Kinshasa. Ils y ont rencontré des responsables politiques, des autorités ecclésiastiques et des diplomates afin de porter la voix des communautés sinistrées par une exploitation minière illégale et irresponsable.

Un tournant : professionnaliser l’artisanat minier

En octobre 2025, au nom du BEST, il a coorganisé à Kinshasa un atelier national sur la formalisation et la professionnalisation de l’artisanat minier.
Plus de 65 acteurs clés du secteur y ont participé, venus des principales provinces minières.

Objectif : transformer les coopératives minières artisanales en entités économiques viables capables d’exercer un devoir de diligence, indispensable à des chaînes d’approvisionnement responsables.

Les priorités adoptées incluent :

  • une gouvernance participative garantissant les droits des exploitants artisanaux ;
  • l’accès à des zones d’exploitation sécurisées ;
  • la lutte contre les flux financiers illicites ;
  • l’accès des coopératives à des capitaux transparents ;
  • la connexion à des marchés équitables ;
  • la participation des exploitants à la protection de l’environnement ;
  • le respect strict des normes de santé, sécurité et hygiène ;
  • la lutte contre le travail des enfants, le travail forcé, et les abus envers les femmes — notamment les femmes enceintes.

À travers cette initiative, le BEST pousse l’artisanat minier congolais vers une ère nouvelle, fondée sur les droits humains, la technologie, l’inclusion et le respect de la réglementation.

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Phillippe Ruvunangiza
Phillippe Ruvunangiza et le Docteur Denis Mukwege.

Philippe Ruvunangiza : une conviction qui ne fléchit pas

Directeur du BEST, défenseur inlassable des droits humains, Philippe Ruvunangiza milite depuis des années pour une gouvernance minière responsable, la protection des communautés vulnérables et la responsabilisation des acteurs économiques et politiques.
Son approche combine plaidoyer international, action communautaire et dialogue entre parties prenantes, faisant de lui une figure incontournable du militantisme congolais contemporain.

Un prix, une responsabilité, une mission

Un an après le Prix Courage Civil, Philippe Ruvunangiza voit cette distinction moins comme une consécration que comme un devoir : celui de persévérer, de protéger et d’élever la voix des populations.

Son parcours démontre que le courage civil n’est pas un geste ponctuel, mais une construction patiente, faite de constance, de conviction et de fidélité aux communautés que l’on défend.

Dans un pays ravagé par des tragédies répétées, il demeure une des voix de conscience et un artisan de changement, œuvrant pour que les immenses ressources minières de la RDC cessent d’être une malédiction et deviennent enfin un levier de dignité, d’humanité et de paix.

Trésor Wilondja

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