Intervenons-nous

Depuis que les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ont décidé de répondre aux énièmes attaques du M23 en territoire de Rutshuru, jeudi 20 octobre dernier, la peur semble avoir changé de camp. Le Rwanda, qui jadis niait tout soutien à ce mouvement rebelle, s’est clairement mis dans la peau du M23, dénonçant ces offensives des FARDC contre le M23. Une posture considérée par le Gouvernement congolais comme un aveu « clair et irréfutable » du soutien de Kigali au M23.

Depuis 4 mois maintenant, les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, occupent la cité frontalière de Bunagana. Le soutien du Rwanda à ces rebelles était déjà attesté par plusieurs rapports onusiens, ainsi que les Forces Armées congolaises qui avaient repéré des éléments de l’armée rwandaise dans les rangs du M23, et récupéré leurs effets militaires.

Cette guerre par procuration ne cesse de faire des victimes tant civiles que militaires. Le bilan de ces quelques jours de combat, d’ailleurs, fait état de plus de 10 personnes tuées et plusieurs dizaines de blessés.

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Alors qu’il a toujours nié tout soutien aux rebelles du M23, et qualifié ce groupe armé comme un problème « congolais », le Rwanda ne se cache plus et dénonce désormais toute attaque contre ce mouvement rebelle.

De l’Afrique, Luanda, Nairobi passant par Kigali en Europe, le Rwanda tente de justifier sa prise de position par la probable collaboration des FARDC avec les FDLR. Une allégation qui avait déjà été balayée depuis longtemps, par des analystes qui ont estimé que le FDLR ne représentait plus une menace directe contre le Rwanda.

Peu avant, en août dernier, le Ministre rwandais des Affaires étrangères avait semblé confirmer les interventions de l’armée rwandaise en RDC, indiquant au passage de leur nombre ne comptait pas. Vincent Biruta avait clairement indiqué que les FDLR qui collaboreraient avec les FARDC sont la raison de la présence des militaires rwandais sur le sol congolais.

On ne sait toujours pas, comment le Rwanda qui a adopté cette posture victimiste, a réussi à continuer à faire croire aux autorités congolaises qu’il est de bonne foi et voudrait contribuer à une paix durable à l’Est de la RDC.

Il est désormais plus que légitime de se poser la question de savoir à quoi auront servi toutes les négociations que Kinshasa a initié avec Kigali. Car à leur issue, toutes, Kigali a toujours signé la cessation des hostilités par le M23, alors que sur terrain, le groupe armé poursuit des attaques contre les Forces Armées congolaises, cherchant à conquérir des nouvelles localités.

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Le Gouvernement congolais, qui comprend désormais la véritable face de son adversaire, ne cache plus désormais sa fermeté. Dans un communiqué publié mardi, la RDC a fait savoir à Kigali que ses velléités « interventionnistes » et « expansionnistes » ne seront jamais tolérées.

«Comment comprendre qu’un Gouvernement étranger prenne la défense d’un groupe armé, de surcroit terroriste, dans un autre Etat ?,» s’est interrogé Patrick Muyaya, Porte-parole du Gouvernement congolais, qui a également réfuté les allégations de Kigali, faisant état d’une certaine « incitation publique à la haine » sur la base de l’appartenance ethnique.

La RDC a également dénoncé la stratégie « d’ingérence permanente » du Rwanda dans les affaires internes de la RDC. Pour elle, le pays de Paul Kagame veut « maintenir un climat de terreur » dans cette partie du pays, et ainsi « continuer l’œuvre des pillages ».

Museza Cikuru

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