Dans le territoire de Nyiragongo, au Nord-Kivu, des habitants du village Kanzana ne dorment plus chez eux depuis plus de deux mois. En cause : une insécurité persistante et des menaces croissantes liées au conflit dans la région.
Chaque soir à partir de 18 heures, des dizaines de familles quittent leurs maisons à Kanzana pour chercher refuge dans des zones jugées plus sécurisées, notamment à proximité des quartiers périphériques de Goma. Une routine devenue presque banale dans ce village du territoire de Nyiragongo, rongé par la peur.
« En journée, on reste chez nous jusqu’à 17 heures. Mais dès que la nuit tombe, on descend vers les quartiers plus sûrs. Nous vivons dans une peur constante », témoigne une habitante rencontrée ce dimanche matin.
Au-delà de la menace physique, une autre forme d’insécurité mine la vie des jeunes du village : les dénonciations calomnieuses. Certains habitants seraient accusés à tort de collaborer avec des groupes armés comme les FDLR, les Wazalendo, ou encore les FARDC, par des individus proches du M23-AFC, selon plusieurs témoignages.
« En tant que jeunes, nous ne savons plus comment rester ici. Il y a des gens de mauvaise foi qui disent aux autorités du M23 qu’on a travaillé avec les FDLR ou les FARDC. On a peur d’être enlevés ou tués », confie un jeune homme du village.
Depuis l’apparition des rebelles du M23-AFC dans le territoire de Nyiragongo et dans certaines parties de Goma, au moins 30 personnes auraient été tuées et 24 portées disparues, selon des sources locales.
Cette situation alimente un climat d’instabilité et de panique qui pousse les populations à se déplacer chaque nuit, sans assistance ni protection officielle. À Kanzana, les habitants demandent une intervention urgente des autorités et des partenaires humanitaires pour mettre fin à leur calvaire.
Kamate Roger de Paul