Intervenons-nous

    C’est depuis ce mercredi 17 juillet 2024 que les États-Unis ont annoncé la prolongation de la trêve humanitaire en RDC dans les zones en conflit au Nord-Kivu, selon un communiqué de presse du Département d’État. Cette prolongation intervient 48 heures avant l’expiration de la première trêve annoncée par les USA, qui n’a pas été respectée par l’une des parties au conflit, d’après plusieurs sources dans la région.

    « Les États-Unis se félicitent de la prolongation de 15 jours de la trêve humanitaire à laquelle se sont engagées les parties au conflit dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC) et appellent tous les acteurs de la région à respecter cette trêve. Nous continuerons à travailler en étroite collaboration avec les gouvernements de la RDC, du Rwanda et de l’Angola pour soutenir les initiatives diplomatiques régionales dans le cadre des processus de Luanda et de Nairobi afin de parvenir à une cessation durable des hostilités », note le communiqué.

    Lire aussi : RDC : les USA annoncent que la « trêve humanitaire » au Nord-Kivu est prolongée de 15 jours

    En réaction, la Société civile du Nord-Kivu, à travers son secrétaire technique, M. Placide Nzilamba, qualifie cette mesure de « pire distraction » et appelle les autorités congolaises à mener des opérations musclées pour déloger les rebelles du M23 et leurs partenaires de toutes les zones occupées.

    Selon lui, au lieu « d’imposer » une nouvelle trêve, les États-Unis devraient plutôt appeler le Rwanda à retirer ses troupes du sol congolais et lui imposer des sanctions.

    « À notre niveau, c’est une mesure hypocrite qui se moque de la souffrance de la population. On ne comprend pas que dans une crise où on connaît les instigateurs d’après les rapports des experts des Nations Unies, qu’on se contente de parler de la trêve, qui n’est même pas respectée par l’armée rwandaise et ses supplétifs. Proroger cette trêve veut dire prolonger la souffrance de la population congolaise », a-t-il déploré.

    Nzilamba appelle la population congolaise à ne pas croire en cette mesure, affirmant qu’aucune assistance n’a même été apportée aux déplacés qui vivent le calvaire dans différents sites.

    « Cela montre que les États-Unis sont en train de lier les mains du gouvernement congolais et de laisser l’ennemi continuer », a-t-il insisté.

    Pour la Société civile, cette observance du cessez-le-feu, synonyme de la trêve, a conduit l’armée congolaise à perdre plusieurs zones depuis l’EAC. Jusqu’à ce jour, l’armée n’a jamais reconquis une seule localité, elle ne fait que perdre à cause de l’observance du cessez-le-feu.

    Même réaction au sein de l’opposition

    Espoir Ngalukiye, acteur politique du Nord-Kivu et cadre du parti politique « Ensemble pour la République », cette trêve est loin d’apporter une solution, car les déplacés continuent à souffrir sans assistance dans différents sites. Selon lui, cette mesure consiste à vendre l’indépendance de la RDC.

    « S’il y a une trêve, ce n’est pas aux Américains de le décider, mais plutôt au gouvernement congolais » déclare-t-il.

    Lire aussi : Violation de la trêve humanitaire au Nord-Kivu : ferme condamnation de la NDSCI

    Il estime que si rien n’est fait, cette trêve risque d’être comparée à l’état de siège, ce qui pourrait avoir des conséquences graves sur la vie des citoyens congolais.

    « Je pense que le gouvernement doit se saisir une fois de plus et arrêter de se plaindre tout le temps et de mentir en disant que notre pays est indépendant, alors que nos autorités vendent l’indépendance de notre pays et que ce sont les occidentaux qui décident de la trêve ou pas. Elle risque d’être comme l’état de siège et on va la proroger plusieurs fois sans trouver de solution », a-t-il martelé.

    Une décision qui profite au Rwanda ?

    De son côté, Patrick Baala, cadre de l’Union sacrée pour la nation au Nord-Kivu, affirme que cette décision profite au Rwanda, qui, selon lui, est en train de se réorganiser après avoir pris le contrôle de plusieurs entités du territoire national. Baala déplore néanmoins que Kinshasa ait accepté cette mesure qu’il juge « irresponsable ».

    « Nous devons prendre de la hauteur. Nous avons constaté qu’à chaque fois que les FARDC prennent le dessus, on lance la trêve humanitaire ou le cessez-le-feu. Nous devons nous considérer et réagir comme État et comme peuple », lance-t-il.

    Donner des armes au peuple pour se défendre

    Pour Baala, il faut désormais armer le peuple congolais pour défendre la patrie par tous les moyens possibles.

    « Qu’on donne les armes aux Congolais, nous sommes prêts à entrer au Rwanda et à en découdre une fois pour toutes avec ce pays. Il faut aussi penser à fermer nos frontières pour cloisonner le Rwanda et permettre un soulèvement interne au Rwanda, fragiliser Kagame et continuer la diplomatie en parallèle ».

    Lire aussi: Trêve humanitaire au Nord-Kivu : la Société Civile du Sud-Kivu s’interroge sur les motivations de Washington et appelle la RDC à « ouvrir l’œil et le bon » !

    Il insiste sur le fait qu’il faut aller au dialogue avec force et non en état de faiblesse.

    Il sied de rappeler qu’au moins 7 personnes ont été violemment tuées et plusieurs autres blessées à Bweremana (Masisi) alors que la trêve humanitaire était déjà en vigueur, suite aux bombes larguées par les rebelles du M23 et ses supplétifs. Le PAM a dû suspendre la distribution de son aide à plus de 280.000 personnes se trouvant à Shasha et Bweremana, ainsi que dans le sud de Lubero, à cause de ce conflit meurtrier.

    Freddy Ruvunangiza, depuis Goma

    Share.

    Un commentaire

    1. Pingback: Rutshuru : petite accalmie après des accrochages entre un groupe des Wazalendo et les rebelles du M23 à Kinyandonyi - La Prunelle RDC

    Leave A Reply

    Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.