Dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), le conflit armé, qui entre en 2025 dans sa quatrième décennie, continue de semer mort et désolation. Un récent rapport des Nations Unies fait état d’exécutions sommaires, de tortures et de violences sexuelles généralisées, commises par « toutes les parties » prenantes au conflit.
Face à cette tragédie qui s’enlise malgré de multiples initiatives de paix, un cri d’alarme et une lueur d’espoir émergent d’un ouvrage qui vient de paraître : « Rapport Mapping : trésor oublié, un repère pour la paix en RDC ? Stratégies de sortie de crise », signé par Jordan Lukatula.
Humanitaire et chercheur spécialiste de la gouvernance, l’auteur dresse un constat implacable : la RDC serait structurellement incapable de sortir de la crise par les mécanismes traditionnels. Faiblesse militaire, absence de volonté politique, institutions fragiles, corruption systémique… autant de facteurs qui maintiennent le pays dans une impasse.
L’ouvrage passe au crible les stratégies classiques de résolution des conflits et en souligne les limites dans le contexte congolais :
· le recours à la force, y compris l’intervention des forces étrangères ;
· les sanctions internationales à l’encontre du Rwanda et des acteurs armés impliqués ;
· les négociations de paix, souvent de façade ;
· les programmes de Démobilisation, Désarmement et Réinsertion (DDR).
Devant ce constat d’échec, Lukatula propose un retour à un document central, mais largement ignoré : le Rapport Mapping. Publié en 2010 par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, ce rapport recense les crimes les plus graves commis en RDC entre 1993 et 2003.
Pour l’auteur, ce rapport ne constitue pas seulement une archive macabre. Il est un socle pour une véritable justice transitionnelle et un outil de prévention des conflits futurs. Le livre explore deux axes majeurs mis en avant par ce document :
· La justice transitionnelle, afin de panser les plaies du passé et mettre fin au cycle de l’impunité ;
· La refonte institutionnelle, pour garantir la non-répétition des violations et reconstruire un État de droit solide.
Au-delà des recommandations techniques, Lukatula emprunte aux Lumières une philosophie de refondation politique. Il dénonce le « culte de la personnalité » présidentiel et un Parlement réduit au rôle de « chambre d’enregistrement ». Son plaidoyer appelle à rétablir l’équilibre des pouvoirs, à restaurer l’intégrité des institutions et à replacer le citoyen au centre de l’action publique.
Alors que la région des Grands Lacs multiplie les accords de paix et que la communauté internationale demeure mobilisée, cet ouvrage tombe à point nommé. Il rappelle qu’une paix durable en RDC ne se construira pas uniquement à la table des négociations, mais aussi dans le devoir de mémoire, la justice et la réinvention d’institutions légitimes.
Publié aux Éditions L’Harmattan, « Rapport Mapping : trésor oublié, un repère pour la paix en RDC ? » est disponible depuis le 22 septembre 2025 (ISBN 978-2-336-56220-9), en France à la librairie L’Harmattan à Paris, à Kinshasa, et en ligne via le site de l’éditeur avec ce lien vers l’ouvrage.