Selon les témoignages des anciens prisonniers de Mbujimayi et Kinshasa, les maisons d’arrêt sont devenues des centres de tortures et de véritables mouroirs pour les détenus. Des ONG dénoncent les conditions de détention.
La situation serait encore plus inquiétante avec la pandémie du Covid-19. Les conditions de détention dans les prisons de la République démocratique du Congo sont très dures.
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Dans plusieurs villes du pays, les pensionnaires dorment à même le sol, n’ont pas de nourriture et les visites sont monnayées, en témoigne un ancien détenu.
« Les conditions en prison : vous n’avez pas d’espoir, vous n’avez aucun espoir de sortir un jour. Vous dormez par terre, vous mangez difficilement, vous n’avez pas de visites. Et s’il y a une visite qui arrive, il faut débourser beaucoup d’argent pour que cette personne puisse vous rejoindre et vous parler. Il faut même payer où vous dormez, sur le ciment on vous fait payer. Quand j’étais en prison, j’ai vu la mort. Les conditions en prison au Congo ne sont pas humaines. D’ailleurs, pendant tout ce temps en prison, je n’ai eu droit à aucun procès. C’est sans m’y attendre que j’ai vu un jour mon nom apparaître sur le document du ministre après l’ordonnance présidentielle », a témoigné Jean Louis Mbuyi Cibwabwa, un ancien détenu de la prison de Ndolo et de Kitona, un officier dans l’armée congolaise. »
Un autre ancien détenu, Nicolas Mbiya, membre du mouvement Lutte pour le changement (LUCHA), a vécu le calvaire dans la prison centrale de Mbujimayi.
« Dans cette prison, les conditions sont catastrophiques. C’est surpeuplé et vous dormez entassé dans une chambre de 25 mètres carrés où se trouve plus d’une centaine de personnes. Les prisonniers dorment debout, l’accès à l’eau est très difficile, la nourriture est misérable : un repas par jour, une petite boule de foufou avec quelques graines des haricots », a raconté Nicolas Mbiya.
Décès dans une prison au Kasaï Oriental
Au Kasaï Oriental, le ministre provincial de la Justice confirme les conditions de détention difficiles. Mais Raphael Kalala affirme que les trois décès enregistrés au mois d’avril ne sont pas liés aux conditions de vie dans cette maison d’arrêt.
« Les décès ne manquent pas. Les prisonniers qui ne sont pas habitués au milieu, ça peut avoir des répercussions sur l’état mental et physique. Ce sont des cas qui arrivent. Mais les trois décès ne sont pas arrivés le même jour. Certains étaient malades, ils étaient suivis par les médecins de la prison et nos infirmiers et malgré les traitements qu’on a pu leur donner, ça n’a pas suffi et il a plu à Dieu de les rappeler.»
Ces conditions inquiètent les organisations de défense des droits de l’homme, notamment, Accès à la justice (ACAJ) et l’Association africaine des droits de l’homme (ASADHO).
Pour Jean-Claude Katende, les prisons de la RDC sont des mouroirs. Le président de l’ASADHO plaide pour le respect des droits de prisonniers.
« Les droits inscrits dans notre Constitution ne concernent pas seulement les hommes et les femmes qui sont en liberté, les droits concernent tous les Congolais, qu’ils soient prisonniers ou pas. L’Etat doit respecter ses engagements pris au niveau international dans le cadre des institutions des Nations unies parce que là aussi, il y a un certain nombre des principes qu’il faut respecter en ce qui concerne les prisonniers.»
Jean-Claude Katende déplore que les prisonniers en RDC ne soient pas considérés comme des citoyens à part entière et il appelle l’Etat à leur venir en aide.
Avec Deutsch Welle