La situation humanitaire à Kamanyola demeure extrêmement préoccupante. Entre crise économique aiguë, difficultés d’accès aux soins de santé, manque de médicaments et exposition accrue aux maladies infectieuses telles que le mpox et le choléra, les habitants vivent dans une détresse grandissante.
Selon plusieurs sources sanitaires, de nombreuses familles ne parviennent même plus à réunir un dollar par jour, rendant difficile la satisfaction de besoins essentiels : se nourrir, faire la lessive, payer le loyer, régler les dettes scolaires ou encore s’acquitter des factures d’eau et d’électricité.
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Alors que certains habitants commencent timidement à retourner dans leurs domiciles, la situation sanitaire continue pourtant de se dégrader. On note en effet une hausse inquiétante des maladies contagieuses, notamment chez des malades qui avaient fui les structures de santé sans terminer leur traitement. Certains sont retournés dans la communauté, d’autres ont pris la direction de Bukavu, favorisant ainsi la propagation de maladies comme le mpox.
Pour décrypter cette situation, La Prunelle FM a contacté Jean-Claude Buchekabiri, infirmier titulaire du Centre de santé de référence de Kamanyola. Celui-ci appelle d’urgence les organisations humanitaires à intervenir dans les domaines sanitaire, social et économique, tout en décrivant les difficultés auxquelles font face les soignants et les structures de santé locales.
« La situation est catastrophique pour les habitants de Kamanyola. Cette population a besoin d’une prise en charge économique, sociale et financière afin de couvrir plusieurs besoins, notamment les soins médicaux. Les produits de première nécessité sont rares et les activités génératrices de revenus sont quasi inexistantes en raison de l’absence de mouvements commerciaux entre Kamanyola et les régions voisines comme Kaziba, Nyangezi, Chibitoke au Burundi ou Bugarama au Rwanda. »
L’infirmier fait également savoir que le centre de santé manque cruellement de médicaments. La route Ngomo, qui permettait l’acheminement des médicaments en provenance de la Zone de santé de Nyangezi, est aujourd’hui impraticable. Les motards refusent d’emprunter cet axe, et ceux qui acceptent exigent des tarifs devenus inaccessibles.
« Les motards nous taxent 10.000 FC, un montant que le centre ne peut plus couvrir actuellement. La population souffre à domicile ; certains malades sont très gravement atteints mais ne viennent plus se faire soigner faute d’argent. Nous travaillons à perte car plusieurs patients partent sans payer leurs soins. »
Il regrette également la fin du soutien de plusieurs ONG partenaires qui, auparavant, appuyaient le centre de santé dans la prise en charge de certains soins.
La situation touche même les programmes de lutte contre la malaria.
« Les antipaludiques, qui étaient auparavant gratuits, moisissent aujourd’hui à la BCZ faute de moyens pour les transporter jusqu’à Kamanyola. »
Pour rappel, plusieurs familles avaient trouvé refuge dans des ménages hôtes suite à la destruction de leurs maisons par des bombardements. Cette cohabitation fragilise désormais les stocks alimentaires et accroît les risques d’épidémies et de malnutrition, tant pour les déplacés que pour les familles d’accueil.
Pacifique Lwaboshi

