Après plusieurs jours de paralysie dus aux violents affrontements entre les FARDC-Wazalendo et les rebelles de l’AFC-M23, la vie scolaire tente de reprendre son souffle à Kamanyola, dans le territoire de Walungu, au Sud-Kivu. Une reprise encore fragile, marquée à la fois par la peur persistante et un timide regain d’espoir.
Depuis le début de la semaine, quelques établissements publics et privés ont rouvert leurs portes. Les élèves reviennent peu à peu, mais leurs rangs restent clairsemés. Dans plusieurs écoles, les directeurs appellent les parents à rassurer leurs enfants et à les ramener progressivement en classe, malgré un climat d’incertitude qui plane toujours sur la cité.
Le Complexe Scolaire Saint Joseph du Grands Lacs fait partie des premiers à avoir relancé les cours. Sa préfète, Jacqueline Chakupewa Mugobozi, confirme cette reprise en douceur.
« Nous avons rouvert depuis mardi, mais l’engouement n’est pas encore au rendez-vous. Beaucoup d’élèves ont fui vers le Rwanda, Bukavu, le Burundi ou Uvira. D’autres sont encore traumatisés par les affrontements et les bombardements. Les parents hésitent à les renvoyer à l’école. »
Elle rappelle que la suspension des cours survient à un moment crucial : les écoliers du primaire avaient déjà entamé leurs examens, tandis que ceux du secondaire s’apprêtaient à commencer leur stage.
« Nous faisons de notre mieux pour relancer les activités, mais beaucoup d’élèves manquent encore à l’appel. Les enseignants, eux, sont déjà tous présents. Nous gardons espoir. »
Même son de cloche dans d’autres établissements comme l’Institut Saint Jean, Lomita ou encore le CS Saint Joseph du Grands Lacs. Partout, les responsables insistent sur l’urgence de soutenir la reprise éducative, considérée comme un pilier essentiel du retour progressif à la normale.
Dans la cité, des séances de sensibilisation sont organisées pour apaiser les craintes des parents et encourager les élèves à reprendre la route de l’école. Mais les obstacles restent nombreux. La crise humanitaire et économique qui touche Kamanyola fragilise de nombreuses familles. Plusieurs parents, ayant perdu leurs biens lors des récents combats, confessent ne plus savoir comment assumer les frais scolaires.
Dans ce contexte de précarité et d’incertitude, la réouverture des écoles prend une dimension symbolique : un pas courageux vers la résilience. Malgré les traumatismes et les menaces persistantes, une partie de la population veut croire que ce retour en classe marque le début d’un apaisement durable.
Pacifique Lwaboshi et Ishara Yambisi

