Le territoire de Kalehe s’est doté d’un plan d’engagement visant à renforcer la sensibilisation et le dialogue autour de la prévention et de la résolution pacifique des conflits. Cette décision est ressortie d’une séance de dialogue communautaire organisée dans le cadre du projet « Appui à la promotion des droits de la femme et lutte contre les violences liées au genre faites à la femme et à la jeune fille », inscrit dans le Plan des Nations Unies pour la transition de la MONUSCO au Sud-Kivu. Un projet financé par la MONUSCO à travers ONU Femmes.
La rencontre a réuni des déplacés, des chefs coutumiers, des responsables de villages ainsi que des habitants de Kalehe. Les discussions ont permis de mettre en lumière plusieurs défis, notamment la vulnérabilité particulière des femmes lors des conflits et le manque d’accompagnement des autorités locales aux initiatives féminines.
« Quand les problèmes surgissent, les plus touchées sont les femmes, car nous devons nous rassurer de la sécurité et de la santé des enfants », a expliqué Louise Mwamvita, participante au dialogue. Elle a plaidé pour une écoute plus attentive de la part des chefs coutumiers et des responsables communautaires.
Un appel partagé par Ntabalalwa Rosine, qui regrette que certaines initiatives portées par des associations de femmes ne soient pas soutenues.
« Lorsque nous avons des idées de sensibilisation, certains chefs nous méprisent à cause de notre situation », a-t-elle déploré.
Les autorités locales présentes ont toutefois affiché leur engagement à accompagner ce processus. Emmanuel Luyungu, chef du village de Muhongoza, a promis de relayer les enseignements auprès de ses pairs.
« Nous allons sensibiliser à travers tous les canaux — radios, calicots, spots, églises et même le porte-à-porte — car la violence a plusieurs facettes », a-t-il affirmé.
De son côté, Gérard Katera, leader communautaire et chef d’un camp de déplacés, a souligné l’importance de la restitution.
« Nous allons partager ce que nous avons appris et continuer à organiser des forums communautaires pour renforcer la sensibilisation. »
La rencontre a également eu un impact émotionnel fort sur plusieurs participants. Bora Muganda, victime récente de cambriolages, témoigne d’un véritable apaisement.
« Pendant des mois, j’étais nourrie par la colère et des pensées négatives. Ce dialogue m’a soulagée et m’a permis de pardonner. Je veux désormais transmettre ce que j’ai appris à d’autres victimes afin de prévenir de nouveaux conflits. »
En se plaçant à la fois comme un espace de médiation et une thérapie collective, cette séance a permis aux participants de s’engager concrètement pour la gestion et la transformation des conflits dans leurs communautés.