Un incident tragique a failli se transformer en une exécution publique, dans la matinée du 4 novembre 2024, au quartier Itara Rwagaga, situé dans la chefferie de Bafuliru, dans le territoire d’Uvira, province du Sud-Kivu. Il s’agissait d’une accusation de sorcellerie lancée à l’encontre de Buloze, une femme de 45 ans, mère de neuf enfants, qui a été sauvée de justesse par les Forces armées de la République démocratique du Congo.
À 6 heures 45, un groupe de villageois a pris la décision de se faire justice après avoir accusé Buloze de pratiquer la sorcellerie, un phénomène malheureusement récurrent dans certaines régions du Sud-Kivu.
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Ces accusations ont conduit à une confrontation violente, alors que la foule semblait déterminée à imposer sa propre version de la justice populaire, sans tenir compte des principes fondamentaux des droits humains.
Heureusement, les Forces de défense et de sécurité de la République Démocratique du Congo (FARDC), en collaboration avec la Police Nationale Congolaise (PNC), sont rapidement intervenues.
Grâce à leur présence, la femme accusée a été arrachée aux mains de la foule en furie et transférée en urgence à l’hôpital de la 8e CEPAC de Luvungi, où elle a pu recevoir les premiers soins.
Les accusations de sorcellerie sont fréquentes dans certaines régions du Sud-Kivu, notamment dans les territoires d’Uvira et de Fizi.
Souvent, ce sont des femmes, principalement âgées, qui sont ciblées et accusées de pratiques occultes en raison de leur statut social marginal, de leur vieillesse ou de malheurs qui frappent la communauté, comme des maladies ou des morts inexpliquées.
Dans ces zones, où les croyances traditionnelles et les superstitions jouent encore un rôle prépondérant, la sorcellerie est perçue comme une cause potentielle de malheurs.
Cela engendre des représailles violentes envers celles et ceux qui sont accusés à tort ou à raison de pratiquer ces arts noirs. Dans des cas extrêmes, des femmes sont battues, ostracisées, et parfois même tuées.
Ces pratiques remontent souvent à des querelles de voisinage ou à des rancunes personnelles, mais elles trouvent également leur terreau dans la faiblesse des structures judiciaires et sécuritaires locales.
La rapide intervention des forces loyalistes à Luvungi démontre l’importance d’une présence sécuritaire active pour empêcher les lynchages et garantir la protection des citoyens.
Les autorités locales, en collaboration avec les organisations communautaires comme le Réseau des structures communautaires de Luvungi, jouent également un rôle essentiel en sensibilisant la population sur les dangers de la justice populaire et la nécessité de respecter les procédures légales.
Cet incident met également en lumière la nécessité d’un travail plus approfondi pour lutter contre les croyances superstitieuses qui alimentent ces violences, tout en renforçant les mécanismes de justice formelle pour garantir que les victimes d’accusations de sorcellerie bénéficient d’une défense équitable.
Les autorités locales et les ONG mettent en garde contre l’impunité qui règne parfois face à ces actes de violence. La justice populaire, bien qu’elle soit profondément enracinée dans certaines cultures, est une violation flagrante des droits humains.
Pour que de tels incidents ne se reproduisent pas, il est impératif de renforcer l’accès à la justice, d’éduquer les populations et de promouvoir des alternatives de résolution des conflits fondées sur la loi et non sur les superstitions.
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À Luvungi, comme dans d’autres localités de la région, des efforts doivent être déployés pour instaurer un environnement de paix et de compréhension, où les accusations de sorcellerie peuvent être traitées de manière judiciaire et non violente.
Les actions de solidarité et de vigilance des communautés locales et des forces de sécurité doivent être saluées.