À seulement 18 ans, Martine Amisi fait vibrer les peaux et résonner les cymbales comme peu de jeunes de son âge. Née à Bukavu, cette résidente de l’avenue ISGEA ne passe pas inaperçue : derrière sa batterie, elle impose rythme, énergie et assurance, au point de devenir une figure montante de la scène musicale gospel locale.
Sa passion est née très tôt. Petite, elle passait des heures à observer les batteurs de son église, fascinée par leurs mouvements et la puissance des sons. Son père, premier soutien, et des musiciens locaux, qui ont su déceler son talent, l’ont encouragée à s’asseoir derrière les fûts. Rapidement, elle a non seulement appris à maîtriser le drum, mais aussi d’autres instruments comme la guitare.
Lire aussi : Journée de l’Enfant Africain : Josué Wenga, 16 ans, cet enfant congolais qui veut changer le monde avec des fils, des idées et du génie
Aujourd’hui, Martine pratique l’art du drum avec un amour et une passion intacts. Depuis cinq ans, elle rythme les cultes de son église locale, Omega Church, participe à des concerts, anime des manifestations chrétiennes et reçoit régulièrement des invitations à jouer dans d’autres événements et églises de la ville.
Aînée d’une famille de cinq enfants – deux filles et trois garçons – elle a effectué ses études secondaires à l’EDAP-ISP et attend actuellement la publication des résultats de ses examens d’État.
Pour Martine, devenir batteuse est un acte à la fois artistique et militant.
« J’ai toujours aimé les rythmes. Je voulais prouver que les filles peuvent aussi exceller dans ce domaine souvent vu comme masculin. Le talent n’a pas de sexe », confie-t-elle avec un sourire.
Les débuts n’ont pas été simples. Beaucoup étaient surpris, parfois sceptiques, en la voyant jouer. Mais avec le temps, les regards curieux ont laissé place aux applaudissements nourris, aux encouragements et au respect, tant de la part de ses proches que de membres de son église et d’autres mélomanes.
Aujourd’hui, Martine se sent considérée comme un exemple de courage et de détermination pour sa génération. Son plus grand rêve ? Devenir batteuse professionnelle et intégrer de grands groupes musicaux à travers le monde.
Elle adresse un message clair aux jeunes filles qui hésitent encore à se lancer dans la musique.
« N’ayez pas peur, foncez ! Le plus important, c’est d’avoir le courage de le faire, la discipline et la persévérance ».
Dans un contexte où les stéréotypes de genre persistent, Martine Amisi reste focalisée sur sa passion. Elle refuse de se laisser distraire par les préjugés et continue d’inspirer d’autres jeunes filles de Bukavu à suivre leurs rêves, baguettes en main.
Guylaine Nabintu et Priscille Shutshe (Stagiaires UOB)