À l’occasion de la Journée mondiale de la photographie célébrée chaque 19 août, La Prunelle RDC met les projecteurs sur Gloria Chabene, photographe et réalisatrice congolaise originaire de Bukavu. Elle se distingue par son engagement à dénoncer les injustices et à mettre en valeur la résilience des communautés à travers ses images. Photojournaliste au sein de Chad Films, elle mène des projets photographiques et cinématographiques qui racontent les réalités sociales souvent ignorées.
Pour elle, la photographie est un langage universel, un outil de mémoire et de transformation sociale qui permet de capturer des moments inoubliables et de donner une voix à ceux que l’on n’entend pas.
« Mes projets, qu’ils soient photographiques ou cinématographiques, ont toujours pour objectif de mettre en lumière des réalités sociales, de dénoncer les injustices et de valoriser la résilience des communautés », a-t-elle confié à La Prunelle RDC.
Diplômée en Agronomie et Production végétale de l’Université Catholique de Bukavu, Gloria a su fusionner son bagage académique avec une carrière artistique. Elle a consolidé ses compétences grâce à des collaborations avec des organisations locales et à sa participation à la deuxième édition de la Film Fellowship.
Son intégration dans la photographie est née d’une passion profonde et du besoin de raconter positivement l’histoire de sa communauté, tout en dénonçant les injustices.
« En grandissant dans une région marquée par des conflits, j’ai ressenti le besoin de garder une trace visuelle de ce que nous vivons et de partager un message d’espoir à travers l’image », témoigne-t-elle.
Si ses débuts ont été marqués par un manque de moyens techniques et de formation, Gloria est restée fidèle à sa passion. Elle affirme que ce métier lui permet d’allier son sens de l’observation, son amour de l’esthétique et son désir d’engagement citoyen.
« C’est un métier qui me permet à la fois de créer et de témoigner », souligne-t-elle.
Les défis persistent toutefois : l’accès limité aux équipements professionnels, au renforcement de capacités et surtout les stéréotypes liés au genre.
« Je surmonte cela par la persévérance, la formation continue, le travail en équipe et la confiance en ma vision artistique », explique-t-elle. Elle regrette par ailleurs le faible engagement des filles et femmes dans la photographie à Bukavu, et estime que des centres de formation adaptés pourraient renforcer cette dynamique.
Son rêve : créer à Bukavu une structure artistique dédiée à la formation en photographie et en cinéma, un espace où les jeunes — et particulièrement les femmes — pourraient s’exprimer librement et professionnaliser leur passion.
Actuellement, elle travaille sur Jionimood, un projet photographique en noir et blanc qui immortalise des lieux abandonnés après les guerres dans l’Est de la RDC.
À celles qui hésitent encore à se lancer dans cette carrière, elle adresse un message clair : « La photographie n’est pas une affaire de genre, mais de passion et de détermination. Si elles sentent en elles l’envie de créer, de témoigner, de raconter par l’image, qu’elles n’hésitent pas à se lancer. C’est un chemin exigeant, mais qui donne beaucoup de sens et de force », conclut Gloria Chabene.
Séraphin Mapenzi