À l’occasion de la Journée internationale de la démocratie, célébrée ce lundi 15 septembre 2025, Jean Bosco Muhemeri, président du Réseau des ONG des droits de l’homme au Sud-Kivu, a dressé un constat alarmant sur l’état de la démocratie en République Démocratique du Congo, particulièrement dans l’Est du pays.
Selon lui, l’exercice démocratique en RDC demeure une illusion dans un contexte marqué par l’insécurité et les crises politiques récurrentes.
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« Chez nous en RDC, on nous forme dans la partisanerie d’adversité et de violences au lieu de nous forger dans la diversité de la dialectique, et ça pose un véritable problème. L’État de la démocratie est une illusion », affirme-t-il.
Jean Bosco Muhemeri s’interroge sur la possibilité d’exercer la démocratie alors qu’une partie du pays est sous occupation armée.
« Comment exercer la démocratie dans la légalité et la légitimité alors qu’une partie du territoire est occupée par des forces d’agression ? », se demande-t-il.
Il qualifie cette situation de négation pure de la démocratie, dénonçant un ordre politique, économique et social imposé en violation des règles constitutionnelles. Pour lui, la peur et la terreur réduisent les jeunes, les femmes et les communautés locales au silence.
« C’est l’ordre par la terreur, personne ne pratique la démocratie, personne ne la vit », déplore-t-il.
Revenant sur la question électorale, le président du Réseau des ONG des droits de l’homme pointe la crédibilité compromise des processus successifs en RDC. Il cite les échecs des commissions électorales dirigées par Malu Malu, Ngoi Mulunda, Nangaa ou encore Kadima, toutes marquées selon lui par des choix politisés et complaisants.
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« Toutes ces expériences ont été très douloureuses. La Société Civile a eu la responsabilité de conduire en majorité le cadre d’appui à la démocratie avec les pouvoirs en place, mais l’indépendance attendue n’a jamais été au rendez-vous », explique-t-il.
Face à ce constat, Jean Bosco Muhemeri appelle à une refondation du système électoral par la concertation nationale et l’intégrité, loin des influences partisanes et confessionnelles.
« Nous manquons de leaders capables de mettre l’État au-dessus des intérêts individuels », regrette-t-il.
Il plaide également pour une éducation démocratique adaptée à la réalité socioculturelle congolaise, estimant que la démocratie ne peut être importée telle quelle mais doit être intégrée culturellement.
Muhemeri lance un message fort aux dirigeants congolais et aux partenaires extérieurs : « Aidez-nous à retrouver la cohésion nationale, à restaurer la paix, à faire sortir les forces étrangères de notre pays », insiste-t-il.
Il exhorte enfin à repenser un modèle démocratique viable et crédible pour la RDC, condition indispensable selon lui à la stabilité et au développement du pays.