Intervenons-nous

Bien que rarement reconnues à leur juste valeur, les femmes contribuent de manière significative au développement des communautés, notamment dans l’Est de la RDC, où les conflits perdurent dans les Kivus. À l’occasion de la Journée internationale de la femme africaine, célébrée chaque 31 juillet, les organisations féminines ont saisi l’opportunité de rappeler le rôle central que jouent les femmes, en particulier dans les zones touchées par l’insécurité.

Cette journée est non seulement commémorative, mais aussi une tribune pour mettre en lumière les luttes et contributions des femmes africaines. Si leur implication dans la vie sociale, économique et familiale est indéniable, leur place dans les sphères de décision demeure encore très limitée. Les obstacles auxquels elles font face sont nombreux, mais leur engagement reste constant.

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Claudine Kitumaini, directrice administrative de l’organisation La Prunelle RDC asbl, souligne le rôle primordial des femmes dans la survie des familles et de la société, particulièrement en période de crise.

« Bien qu’il y ait l’apport des hommes, ce sont les femmes qui veillent à la stabilité des ménages. Surtout aujourd’hui, avec les conflits à l’Est de la RDC, elles assurent la continuité de la vie », affirme-t-elle.

Elle rend hommage à ces femmes « qui se lèvent tôt le matin avec des bassins sur la tête pour aller vendre », à celles « qui passent la journée sous le soleil, à errer dans les rues dans l’unique but de subvenir aux besoins de leurs familles », tout en contribuant au développement de leurs entités à travers le paiement des taxes et impôts issus de leurs activités informelles.

Dans un vibrant plaidoyer, Claudine Kitumaini insiste : « Les femmes sont présentes dans tous les domaines de la vie. Elles font preuve d’un courage admirable. Elles se battent jour et nuit pour la survie des ménages, pour nourrir les enfants, pour que l’on garde espoir. En cette période de conflit, la femme du Sud-Kivu est un symbole vivant de résilience. »

Elle déplore l’insécurité grandissante, le manque d’opportunités, l’absence d’emploi, mais salue la détermination des femmes à ne pas baisser les bras.
« Elles apportent leur soutien à leurs maris, elles maintiennent la famille debout malgré les conditions extrêmement difficiles. »

Au-delà du quotidien, Claudine rappelle que les femmes, bien qu’étant souvent les premières victimes des conflits armés, sont également des actrices incontournables de la résolution des conflits et de la construction de la paix.

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« Aujourd’hui, plusieurs femmes s’engagent dans des plaidoyers pour le retour de la paix dans notre province. Ce sont ces mêmes femmes qui luttent jour et nuit pour la survie des ménages et la sécurité de leurs enfants. Leur rôle est fondamental dans les processus de résolution des conflits au Sud-Kivu. »

Son message est clair : les femmes doivent continuer à se lever, à résister et à espérer.

« Là où il y a une femme, il y a de l’espérance et de l’espoir », conclut-elle.

De son côté, Nelly Adidja, chargée des programmes au sein de l’ONG AFEM (Association des Femmes des Médias), insiste aussi sur la présence omniprésente des femmes dans tous les secteurs, notamment dans l’agriculture.

« Elles interviennent dans toutes les étapes : du labour à la récolte. Ce qu’elles produisent permet de répondre aux besoins des familles mais aussi de l’État », explique-t-elle.

Elle soutient que les femmes jouent un rôle de médiatrices naturelles, d’abord au sein de leurs familles, puis dans leurs communautés.

« Les femmes contribuent réellement à la résolution des conflits. Elles ont des compétences spécifiques en matière de négociation et de médiation communautaire, bien qu’elles ne soient que très rarement reconnues. Leurs efforts ne sont pas capitalisés, leurs compétences pas valorisées. »

Nelly ajoute que AFEM a formé plusieurs femmes médiatrices communautaires, qui s’impliquent désormais activement dans la gestion des conflits au niveau local.

« Mon message est simple : la femme est forte, elle est résiliente. Mais cette femme, victime de nombreuses formes d’abus, mérite un environnement sécurisé et protecteur, un espace où elle peut s’épanouir et vivre sans danger. »

Vinciane Ntabala

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