Lors d’un concours organisé par Mwanamke Kesho; à l’occasion de la journée internationale de la femme, Falonne Mambu, une femme extraordinaire et peintre de Kinshasa fait un témoignage poignant.
Cette artiste peintre de 30 ans d’âge veut soutenir les jeunes filles qui ont vécu dans les carrés miniers exploitées sexuellement et pour celles qui subissent des violences dans leur vie quotidienne en famille et en société.
Suivez ici le témoignage de cette fille extraordinaire qui a exposé ses œuvres d’art dans le hall de l’Institut Français de Bukavu ce 8 mars 2021.
Moi que vous voyez devant vous, je suis une survivante de viol. A 5 reprises j’ai été violée par des personnes qui étaient sensées me protéger.
Je n’ai pas eu la chance de vivre avec mes parents, ma mère est morte lorsque j’avais encore 1 ans et demi, j’ai connu mon père quand j’avais déjà 16ans.
Ça fait tellement mal d’être violé par son frère ou son oncle. Je me suis sentie seule pendant toutes ces années, je n’avais plus confiance en personne dans ce monde et personne ne me comprenait.
Plusieurs fois traitée de sorcière par les membres de ma famille, j’étais obligée de me réfugier dans la rue, et ma première nuit n’était pas rose. J’étais encore violée pour la énième fois, j’ai donc vécu dans cette vie là. La pire des histoires que j’ai vécu, c’est quand je passais des jours et des nuits à pleurer. Mais un jour je m’étais dit non je ne devrais pas continuer à verser mes larmes pour quelqu’un qui ne le méritais pas.
Ca n’a pas été facile pour moi de m’en sortir mais comme vous le savez, l’art a le pouvoir de guérir de redonner espoir. Je commençais à m’exprimer à travers la peinture, avec des images des femmes nues. Plusieurs personnes m’ont posé des questions et je leur disais que ces dessins symbolisaient mes années de souffrances, mais aussi celle de toutes les femmes qui continuent à souffrir en silence au nom de la dignité, celles là qui n’ont pas encore le courage de se lever et parler.
Je le fais sur ma honte, mais c’est pour demander justice pour toutes ces femmes de l’Est qui sont violées et dont les bourreaux occupent des postes de responsabilités, sans être inquiétés, je m’étais dit qu’il était temps, si je brisais le silence, c’est sera le début de tout. Il faut que quelqu’un parle pour encourager les autres à le faire.
Je me tiens devant les jeunes filles que vous êtes pour vous encourager, pour nous dire que c’est encore possible. Il y’a ici peut être celles qui ont vécu la même situation que moi, mais n’ont jamais eu de courage d’en parler nous devons briser le silence et nous reconstituer de nos blessures,
Aujourd’hui je suis parmi les 50 jeunes femmes influentes de Kinshasa et je suis devenue un modèle; peu importe l’histoire que j’ai vécu, cela était possible parce que j’avais pris conscience et je m’étais levée à travers la peinture et m’étais exprimée.
Falonne Mambu