A l’occasion du 16ème anniversaire du massacre de Gatumba, suivi des plusieurs autres exactions des tueries, Jacques Rukeba, Ministre Provincial horaire et notable du Sud-Kivu interpelle les ressortissants du Sud, Sud-Kivu, sur le danger à demeurer dans les cycles infernaux des violences qui, dit-il, tirent ses origines dans la création et la colonisation des États Africains. Laprunellerdc.info vous propose en intégralité cette tribune de Jacques Rukeba, également Coordonnateur de l’organisation « La Prunelle de la paix ».
« A vous tous ressortissants du Sud, Sud-Kivu, jeunes et vieux, femmes, hommes, leaders ecclésiastiques et politico-militaires, la prunelle de la paix par la voie de son coordinateur vous souhaite en ce jour la paix la joie et la réussite. Je loue le bon Dieu pour nous avoir donné la terre Sud-Kivu. Sud-Kivu, une terre qui ne nous a pas refusé son hospitalité dès la naissance à la croissance, il nous assuré un cadre éducatif et instructif qui nous a permis d’assumer les hautes responsabilités au niveau local, national et même international.
Je glorifie encore une fois le bon Dieu qui nous a confié cet Eden pour le gérer et l’entretenir, et ce, pour notre bien ainsi que celui de nos générations futures. Nous pouvons bien négliger ou ignorer cette responsabilité, mais on ne peut pas se dédouaner de rendre compte devant l’histoire, devant Dieu pourquoi pas aussi envers la génération future.
Cependant, nous sommes aussi fort que capable pour nous élever au-dessus des erreurs volontaires de la conférence de Berlin qui a tracé des frontières sans nous, dans le but de servir les intérêts commerciaux des Etats signataires, en divisant à dessein un même peuple, une même famille de part et d’autres des frontières, de ce que deviendra les Etats Africains. En effet, comme il est impossible de revoir les frontières géographiques en vue de corriger ces erreurs du passé, il est néanmoins possible de revoir les frontières mentales et tribales qui nous freinent l’épanouissement socio-économique de nos Etats et de nos Entités administratives.
Tribune: la «République du Kivu», est-elle une réalité ou un ballon d’essai lancé? (Jacques Rukeba)
Nous sommes également murs pour corriger les erreurs de l’héritage coloniale acquise selon le modèle Jacobin (Franco-belge) qui a bâti les Etats sous leurs colonies sans fondation de la nation ; principale source de l’instabilité qui nous gangrène au point sombre dans les régionalismes, tribalismes, l’ethnicisme, familialisme et l’égoïsme, obstacle majeur à l’unité, au développement et à l’épanouissement tant morale que matérielle.
S’il est tard de migrer vers le modèle Anglo-saxon qui a bâti les Etats stables sur la fondation de la nation, à l’instar de la Tanzanie et de la Kenya, nous pouvons néanmoins, pour le bien de nous tous, s’en servir de référence dans l’espace géographique nous appartenant.
Dans la même logique, il est possible d’éviter les erreurs de tâtonnement dû à l’inexpérience de nos premiers leaders qui ont bâti leur leadership sur le mensonge cru cofondant l’Ethnie à l’identité nationale, un débat à mon avis stérile et dépassé par le temps car tranché par la loi. Fort malheureusement, ils sont nombreux parmi nos des leaders à tous les niveaux, qui continuent encore à se servir de cette cassée pour des intérêts égoïstes inavoués, ce qui détruit le paysage socio-économique de nos territoires et déchire la cohésion sociale préexistante parmi nos populations.
La Prunelle de la Paix estime que seule la Clef de l’unité peut nous ouvrir toutes les portes d’opportunité devant nous. Je crois qu’il est temps pour nos leaders à tous les niveaux de responsabilité qu’ils ont, de s’élever pour dire la vérité qu’ils se chuchotent seulement dans le cadre amical des prétendants modérés, la vérité au nom de laquelle ils ne peuvent même pas payer le prix qui brave la peur des extrémistes déterminés à nous conduire consciemment vers la dérive, sans aucun rescapé.
Ceux qui se disent modérés et qui par peur taisent la vérité, sont au même titre coupables que les extrémistes qui défendent et financent ouvertement cette guerre qu’ils pensent à tort être une solution qui les arrangent.
La peur de dire la vérité met dans un même sac de la complicité, les modérés et les extrémistes de toutes tendances confondues. Qu’à cela ne tienne, la Prunelle de la Paix salue le courage qui anime notre sœur Charlotte aux USA qui ne ménage personne quand il faut dire la vérité aux Banyamulenge comme chez les babembe, chez les bafulero comme chez Banyindu. Bien que cité à titre exemplatif d’une femme courageuse, elle ne pas néanmoins le seul dans ce combat pour la Paix. Ils sont nombreux, femmes et hommes qui condamnent indistinctement tous ceux qui tuent, pillent et violent.
Que la Paix et la protection de Dieu qui connait les secrets de nos cœurs soient avec vous et vos familles.
Chers compatriotes, pouvons-nous nous interpeller mutuellement en vue de réveiller nos consciences dormantes ? Pourquoi peut-on se sentir confortable dans une chaise roulante des idées stéréotypées, limitées aux origines historiques lointaines au lieu de marcher sur nos deux pieds avec des idées tournées vers un avenir meilleur de paix et le développement de nos milieux. Qui a fait de vous des sorciers qui ont signé le pacte satanique de sacrifier nos vies et celles de nos enfants ? Ce sang des innocents ne nous sera-t-il pas redemandé sur terre et sans doute au ciel ? Sauf si on se repent de se positionner au moyen des sacrifices humains, nous sommes tenus responsable de se servir de bouclier humain pour réaliser les ambitions égoïstes qui détruisent la terre qui nous a tout donné.
Depuis quand nos parents qui nous ont engendré et élevé ont perdu cet honneur pour devenir nos béliers qu’on mène chaque jours à l’abattoir ? Aux ressortissants du Sud, Sud-Kivu, jeunes, femmes, voudriez- vous répondre parce que nous sommes tous dans un même bateau qui peut accoster ou chavirer selon que le capitaine que nous sommes, s’y prend.
Je voudrais encore une fois interpeller la conscience de notre jeunesse qui s’entre-tue seulement parce qu’ils sont commandités. N’avez-vous pas droit à la vie autant que les enfants de ceux qui vous trompent pendant qu’ils sont confortablement installés en ville, au pays ou à l’étranger ? Pourquoi accepteriez-vous des mensonges qui vous font périr pendant que ceux qui vous opposent, fréquentent les mêmes restaurants luxueux, se visitent mutuellement et régulièrement loin de vous.
Ils paient combien pour vos vies et celles de vos familles pendant que les leurs sont à l’abri?
Pourquoi être autant dupé par un faux héroïsme qui vous pousse à vous battre pour la terre contre ceux, avec qui la partagez ? y-a-t-il une femme de quelqu’un parmi celles de nos tribus ; Banyindu, Bafuliro, Banyamulenge ou Babembe qui a donné naissance à cette terre pour qu’elle soit la propriété privée de sa communauté ?
Réveillons nous, cessons de mentir à ceux des nôtres qui n’ont pas eu la chance d’étudier. Abandonnons nos rêves et les fictions du monde imaginaire.
Saisissons cette opportunité qui nous reste pour voler au chevet de nos populations empoissonnées mortellement par la haine ethnique viscérale, le rejet et de l’autodestruction.
Si les écologistes savent protéger les espèces animales et végétales estimées rares, à combien plus forte raison la race humaine que nous sommes ? Il est étonnant de constater que même les animaux savent quand et comment arrêter avec le combat qui n’a pas un interposant pour les séparer, à combien plus forte raison les hommes dotés de l’intelligence et de jugement.
Pour la Prunelle de la Paix
Jacques RUKEBA RUKABIA
Coordonnateur/Notable du Sud-Kivu