Intervenons-nous

La situation sécuritaire et des droits humains en Ituri a franchi un nouveau seuil de gravité. Dans un rapport publié ce samedi, l’organisation locale Justice-Plus fait état de 74 cas de violations et abus documentés entre juillet et septembre 2025, décrivant une crise où les civils sont pris au piège entre la violence des groupes armés et les dérives des forces de sécurité.

Le territoire de Djugu demeure le principal foyer d’instabilité. L’activisme continu des groupes armés — notamment CODECO, Zaïre et les ADF — y constitue la principale source de violences.

Mais le rapport souligne également les abus graves commis par certains éléments des forces régulières, dont les comportements aggravent un climat de peur généralisée.

Selon Justice-Plus, les atrocités commises dans cette partie du pays restent d’une brutalité extrême : meurtres, viols, pillages, incendies d’habitations, ainsi que des actes d’intimidation visant les populations déjà fragilisées.

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Un élément particulièrement alarmant ressort de l’analyse : sur les 74 violations recensées, 55 sont attribuées à des agents de l’État, selon le rapport.

Ces abus se concentrent principalement sur des axes routiers stratégiques — Bunia–Iga Barrière–Nizi–Mungwalu, Bunia–Kasenyi, entre autres — transformés en véritables couloirs d’extorsion. Justice-Plus dénonce l’érection de barrières militaires illégales, utilisées comme points de racket et de harcèlement contre les civils.

Pour l’organisation, la résurgence de ces violences trouve sa source dans deux facteurs majeurs :

  • l’absence de l’autorité étatique dans de nombreuses localités,
  • l’impunité quasi-totale dont bénéficient les auteurs des violations, qu’ils appartiennent aux groupes armés ou aux forces régulières.

Cette combinaison laisse les communautés sans protection, livrées à des cycles d’exactions qui se répètent sans cesse.

Justice-Plus appelle Kinshasa à agir d’urgence

Face à cette situation explosive, l’ONG formule trois recommandations clés à l’endroit du gouvernement central :

  1. Renforcer les capacités des forces de sécurité afin de neutraliser durablement les groupes armés.
  2. Mettre fin aux abus des forces régulières par l’ouverture d’enquêtes et des sanctions exemplaires.
  3. Relancer des mécanismes judiciaires efficaces, avec un appui éventuel de partenaires internationaux, pour garantir la protection des populations civiles.

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Le rapport de Justice-Plus sonne comme un rappel brutal : sans action urgente, le cycle de violence et d’impunité continuera de ravager l’Ituri et d’y compromettre toute perspective de paix durable.

Joseph Aciza

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