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    Alors que les violences s’intensifient au Soudan du Sud, plus de 33.000 réfugiés ont franchi la frontière pour trouver refuge dans la province de l’Ituri, au nord-est de la République Démocratique du Congo. Déjà affectée par des conflits internes, la région fait désormais face à une crise humanitaire croissante. Médecins Sans Frontières (MSF), engagée sur le terrain depuis mai 2025, alerte sur l’ampleur des besoins humanitaires et médicaux.

    Depuis le lancement de son intervention d’urgence, MSF a mené plus de 3.000 consultations médicales via deux cliniques mobiles et six centres de soins communautaires installés à Adi et dans les zones frontalières. Les pathologies les plus fréquemment traitées sont le paludisme, les infections respiratoires et les gastro-entérites aiguës. MSF prend également en charge des cas de malnutrition aiguë sévère, qui affecte 6 % des enfants de moins de cinq ans.

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    Des cas de rougeole ont déjà été signalés, incitant MSF à soutenir une campagne de vaccination massive ciblant 62.000 enfants dès le mois d’août. Parallèlement, des campagnes de vaccination de routine visent 520 nourrissons et 310 femmes enceintes. « L’instabilité a interrompu les programmes de vaccination au Soudan du Sud. Le risque d’épidémies est réel », prévient Félicien Lwiteo, coordinateur de projet à Adi.

    Les récits des réfugiés révèlent l’extrême brutalité du conflit au Soudan du Sud. Blessing Halima, arrivée avec ses six enfants depuis le comté de Morobo, raconte : « Des avions tiraient sur les gens. Ils ont tué, volé, emporté mon mari. C’est pour ça qu’on a fui. »

    Atay Rose, venue à pied de Panyume, témoigne des violences sexuelles : « Sur la route principale, ils violent les jeunes filles et les femmes mariées. Il y a des pillages, des meurtres, des viols. »

    MSF a pris en charge plusieurs survivantes de violences sexuelles, dont certaines âgées d’à peine 12 ans, selon le Dr Léonard Wabingwa, responsable des activités médicales à Adi.

    La province de l’Ituri, où se concentrent les arrivées, est déjà marquée par des conflits armés, une forte insécurité et un système de santé quasi inexistant. Pour MSF, cet afflux soudain exerce une pression insoutenable sur les capacités locales.

    Beaucoup de réfugiés arrivent sans rien. « Il n’y a ni école, ni hôpital, ni eau potable », déplore Jacob Justin, 24 ans. Viola Kani, arrivée avec ses enfants, ajoute : « On a faim, on n’a rien pour dormir. »

    En réponse, MSF installe des points d’eau, construit 200 latrines et douches, et prévoit de distribuer 6.000 kits de première nécessité incluant moustiquaires, savons, seaux et pots pour enfants.

    Malgré ces efforts, le manque de soutien international reste criant. « Il y a très peu d’organisations sur place. Aucune n’offre la même gamme de services médicaux que MSF », alerte Asiyat Magomedova, cheffe de mission dans la région.

    Le conflit au Soudan du Sud connaît sa plus forte recrudescence depuis la fin de la guerre civile en 2018. Entre janvier et mars 2025, plus de 730 civils ont été tués, selon les Nations unies. L’État d’Équatoria central, frontalier de la RDC, est devenu l’épicentre des violences.

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    125.000 personnes ont fui vers les pays voisins depuis le début de l’année, dont plus de 33.000 en RDC. MSF a dû suspendre toutes ses activités dans le comté de Morobo et à Yei River, après l’enlèvement de deux agents de santé, dont un de ses employés.

     « Il est crucial de garantir un accès sécurisé aux populations et de protéger les civils ainsi que les infrastructures de santé », insiste le Dr Ferdinand Atte, chef de mission MSF au Soudan du Sud. « Nous ne pouvons maintenir notre personnel dans un environnement dangereux, malgré notre engagement. »

    Pour les réfugiés sud-soudanais, l’avenir reste incertain. « Si on y retourne, c’est la mort assurée », affirme Viola, résignée.

    Trésor Wilondja

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