Intervenons-nous

Alors que les incendies se multiplient à Bukavu, causant des pertes humaines et matérielles considérables, des voix s’élèvent pour proposer des solutions durables. Parmi elles, celle de l’ingénieur informaticien et journaliste à La Prunelle RDC, Jean Richard Tshishimbi, qui lance un appel pressant : « Numériser aujourd’hui pour ne pas tout perdre demain ». Il plaide pour la mise en place de systèmes de sauvegarde numériques dans les établissements scolaires, les institutions, les organisations et même au sein des familles.

Depuis plusieurs semaines, la ville de Bukavu est en proie à des incendies dévastateurs, touchant indistinctement infrastructures publiques et privées. Écoles, hôpitaux, églises, marchés, maisons d’habitation, boutiques : rien n’est épargné. Les cas les plus récents incluent l’incendie du Complexe Scolaire Tupendane, situé dans le quartier Nyalukemba, vers Luziba, survenu dans la nuit du dimanche 3 juillet, et celui du Complexe scolaire La Vertu 2 à Panzi/Mulengeza 1, touché le jeudi 31 juillet 2025.

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Au-delà des bâtiments réduits en cendres, ce sont des documents essentiels qui disparaissent : bulletins scolaires, diplômes, listes d’élèves, dossiers du personnel, titres de propriété, archives médicales, documents comptables. Autant de preuves administratives cruciales anéanties en quelques minutes.

« Nous avons tout perdu : bulletins, actes, relevés, archives. Même les livres des enseignants sont partis dans l’incendie. C’est comme si l’école n’avait jamais existé », témoigne un enseignant du Complexe Scolaire La Vertu 2 à Panzi.

Face à cette situation dramatique, Jean Richard Tshishimbi, ingénieur informaticien, propose une réponse technologique : la numérisation systématique des documents. Selon lui, les responsables d’établissements et d’institutions doivent urgemment mettre en place des systèmes de stockage digital.

« Il est temps pour les responsables d’adopter des solutions de numérisation et de stockage digital. Des serveurs locaux interconnectés pourraient déjà faire la différence. Il faut arrêter de dépendre uniquement du papier. C’est trop risqué dans une ville comme Bukavu où les incendies sont devenus fréquents », affirme-t-il.

Il recommande également le recours à des solutions Cloud internationales, qui permettent de stocker les données de manière sécurisée et d’y accéder à distance. Parmi les plateformes citées :

  • Google Cloud Platform
  • Amazon Web Services (AWS)
  • Microsoft Azure
  • Oracle Cloud
  • Dropbox, OneDrive, iCloud, etc.

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Bien que nécessitant un accompagnement technique, ces solutions deviennent de plus en plus accessibles, même pour les petites structures ou les ménages. Tshishimbi propose que des programmes simples soient conçus localement pour automatiser l’archivage et éviter la perte d’années de travail ou de mémoire collective en cas de sinistre.

Il ne s’agit pas seulement d’une mesure préventive pour les écoles. Selon lui, toutes les structures – hôpitaux, églises, ONG, entreprises, familles – devraient adopter des pratiques de sauvegarde numérique régulière.

« Une catastrophe naturelle, un incendie ou une inondation ne devraient plus effacer toute une vie d’archives. Nous avons les moyens techniques pour éviter cela. Il faut juste une prise de conscience collective. »

Alors que les autorités locales peinent à maîtriser les incendies successifs, cet appel à la prévention par la technologie sonne comme un avertissement lucide et une solution concrète.

Numériser, ce n’est pas simplement moderniser : c’est protéger la mémoire de nos institutions, nos enfants, nos communautés et notre histoire.

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Bukavu brûle, et avec elle, des années de mémoire collective. L’heure n’est plus au constat, mais à l’action. La transition vers une gestion numérique des documents n’est plus un luxe : c’est une urgence vitale.

Abdallah Mapenzi

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