Le lac Kivu a de nouveau été le théâtre d’un accident maritime. Une pirogue motorisée, assurant la liaison entre Goma (Nord-Kivu) et Bukavu (Sud-Kivu), a chaviré dans la nuit du lundi 10 au mardi 11 novembre 2025, au large du village de Mulungu, en territoire d’Idjwi (Sud-Kivu).
Selon les premiers témoignages recueillis sur place, l’embarcation, chargée de marchandises destinées à un opérateur économique local, aurait heurté une pierre immergée et non signalée vers 1h du matin, provoquant son chavirement brutal.
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Si l’équipage et le moteur ont pu être sauvés, les pertes matérielles sont considérables.
Les habitants de Mulungu, alertés par le bruit et les appels à l’aide, ont immédiatement lancé une opération de secours improvisée pour tenter de récupérer le maximum de marchandises et empêcher la pirogue de couler totalement.
« On a entendu un grand bruit. Quand nous sommes arrivés, les hommes étaient déjà dans l’eau, mais heureusement ils savaient nager. On a pu les sortir et récupérer quelques sacs », raconte un riverain rencontré au bord du lac.
Même si aucune perte en vie humaine n’est à déplorer, ce nouveau naufrage illustre encore une fois les failles criantes de la sécurité lacustre sur le lac Kivu, où les accidents se multiplient. Les traversées nocturnes, pourtant interdites par les autorités, continuent d’être pratiquées par plusieurs armateurs, souvent pour éviter les contrôles ou gagner du temps dans leurs livraisons.
Des mesures strictes avaient pourtant été édictées à la suite d’accidents mortels survenus ces dernières années :
- interdiction de navigation de nuit,
- port obligatoire du gilet de sauvetage pour tout passager,
- contrôle technique des embarcations avant le départ.
Mais sur le terrain, ces dispositions sont rarement respectées. Le manque de surveillance, la corruption et l’appât du gain maintiennent un climat d’insécurité chronique sur le lac.
Pour plusieurs observateurs, cet énième naufrage doit servir d’avertissement aux autorités et aux exploitants du lac. L’urgence est de renforcer la discipline maritime, de baliser les zones dangereuses, et de sanctionner les violations répétées des règles de sécurité.
« Il ne faut pas attendre un drame avec des dizaines de morts pour réagir », estime un acteur de la société civile d’Idjwi. « La navigation sur le lac Kivu doit cesser d’être un jeu de hasard. »

