Le Bureau de coordination de la Société civile du territoire de Fizi tire la sonnette d’alarme face à la dégradation préoccupante de la situation sécuritaire, sociale et humanitaire qui prévaut dans cette partie du Sud-Kivu. Dans une note de plaidoyer datée du 25 octobre 2025, adressée au Conseil de sécurité territorial et aux autorités provinciales, la Société civile dénonce la montée des violences, les assassinats ciblés, les arrestations arbitraires, les cas de torture, les vols à mains armées et les affrontements récurrents entre groupes armés.
Selon cette structure citoyenne, la crise actuelle est aggravée par les tensions entre différentes factions des groupes armés Wazalendo, entre celles-ci et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), mais aussi entre ces groupes et la population civile. Ce climat de méfiance généralisée engendre des échanges de tirs quasi hebdomadaires dans plusieurs villages du territoire, provoquant des pertes en vies humaines, des blessés et d’importants dégâts matériels.
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La Société civile note également une paralysie des activités socio-économiques et une panique généralisée parmi la population, qui vit dans la peur permanente des affrontements.
Des affrontements meurtriers à Misisi et à Kilembwe
La Société Civile signale notamment des cas de meurtres et de blessés enregistrés dans le village de Misisi, groupement Basikasilu (secteur de Ngandja), à la suite d’affrontements entre deux factions Wazalendo les 24 et 25 octobre 2025. Des échanges de tirs ont causé la mort de plusieurs combattants et blessé d’autres personnes.
Le centre de Kilembwe, chef-lieu du secteur de Lulenge, a également été le théâtre, le 25 octobre 2025, d’un violent affrontement entre deux groupes armés à connotation tribale Bembe et Basikasingo. Ce conflit a provoqué la fuite de la population, vidant le centre de ses habitants. Deux blessés sont actuellement pris en charge à l’hôpital général de référence de Kilembwe.
Les femmes enceintes et les enfants, particulièrement vulnérables, sont exposés aux maladies hydriques et hygiéniques, ce qui nécessite une assistance humanitaire urgente. La Société civile craint que ce conflit armé ne prenne bientôt une tournure communautaire, risquant d’attiser davantage les tensions intertribales.
Face à cette situation explosive, la Société civile du territoire de Fizi formule plusieurs recommandations à l’attention des autorités nationales et provinciales :
- Mettre en place une coordination effective entre les différentes factions des groupes armés, sous la supervision des FARDC et de la Police nationale congolaise (PNC), afin de mettre fin aux violations des droits humains.
- Convoquer une réunion élargie du Conseil de sécurité territorial, incluant les représentants des groupes armés, des communautés locales et de la société civile, pour restaurer la confiance et résoudre les divergences persistantes.
- Restituer à la base les résolutions de la retraite tenue à Uvira du 16 au 20 octobre 2025, organisée par le Ministère provincial de l’Intérieur et l’organisation Initiative pour un Leadership Cohésif (ILC), sur le vivre-ensemble et la cohésion entre civils, Wazalendo et autorités.
- Faire respecter le droit international humanitaire et les droits humains par toutes les parties au conflit.
- Renforcer l’autorité de l’État dans les zones affectées pour garantir la sécurité des civils et prévenir de nouvelles violences,
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Tout en réaffirmant son attachement aux valeurs démocratiques, à la paix, à la cohésion sociale et au vivre-ensemble entre toutes les tribus du territoire de Fizi, la Société civile appelle à une action concertée et urgente des autorités, des forces de défense et des communautés pour prévenir une escalade du conflit.
« La restauration de l’autorité de l’État est indispensable en cette période de turbulence sécuritaire», conclut la note, avant de réaffirmer son engagement pour une paix durable.
Sylvie Bahati

