L’Ukraine et ses alliés occidentaux accusent la Russie d’avoir rassemblé des troupes militaires à la frontière entre les deux pays pour attaquer le territoire ukrainien. Voici tout ce qu’il faut savoir sur ce conflit qui dure depuis plusieurs semaines.
Un nouveau conflit qui semble inévitable. Depuis le mois de novembre, l’Ukraine, l’Europe et les États-Unis accusent la Russie de masser des dizaines de milliers de soldats à la frontière ukrainienne dans le but de préparer une attaque en Ukraine. Si la Russie dément, les occidentaux sont passés à l’action.
Les États-Unis ont placé 8 500 militaires en état d’alerte prêts à être déployés, l’Otan a annoncé avoir envoyé des renforts militaires, dont des navires de guerre et des avions de combat en Europe de l’Est, tandis que Washington et Londres ont demandé aux familles de leurs diplomates de quitter Kiev. Le Danemark, la France, l’Espagne, les Pays-Bas… nombreux sont les pays de l’organisation à envoyer des forces militaires pour contrer une éventuelle invasion russe de l’Ukraine.
L’Ukraine a des « preuves » d’une cyberattaque russe
L’Occident menace également d’imposer de sévères sanctions économiques à la Russie en cas d’invasion de l’Ukraine, mais Moscou continue de nier tout intention belliqueuse et juge « très élevé » le risque d’une offensive des troupes ukrainiennes contre les séparatistes prorusses. Alors que la diplomatie britannique accuse la Russie de vouloir « installer un dirigeant prorusse à Kiev » et de vouloir « envahir et occuper l’Ukraine », Kiev va continuer « de démanteler tout groupe prorusse » et anticipe une action des forces armées russes dans sa région menacée du Donbass.
Le 16 janvier, l’Ukraine a affirmé avoir des « preuves » de l’implication de Moscou dans une cyberattaque d’ampleur menée au début du mois ayant visé plusieurs sites gouvernementaux restés inaccessibles plusieurs heures. Le ministère ukrainien de la Transformation numérique a indiqué que l’objectif de cette cyberattaque est « d’intimider la société », mais aussi de « déstabiliser la situation en Ukraine » en « sapant la confiance des Ukrainiens dans leur pouvoir » avec de « fausses informations sur la vulnérabilité des structures informatiques d’Etat ».
Des tensions depuis 2004
Des tensions qui sont loin d’être récentes puisque les deux pays sont en conflit depuis de nombreuses années. Il faut remonter à 2004, lorsque le candidat pro-russe Viktor Ianoukovitch est élu frauduleusement lors de l’élection présidentielle. Les Ukrainiens descendent alors dans la rue faire toute une série de manifestations, « la révolution orange ». Grâce au soutien des occidentaux et malgré la ferme opposition de Vladimir Poutine, le scrutin est annulé et un nouveau vote est organisé. Viktor Iouchtchenko l’emporte finalement face à son rival Viktor Ianoukovytch et l’Ukraine se rapproche alors de l’Otan et de l’UE.
Viktor Ianoukovitch est finalement élu 6 ans plus tard en 2010 et promet cette fois-ci d’assurer la continuité des négociations pour coopérer avec l’UE. Mais sous la pression de Moscou, il change finalement son fusil d’épaule et stoppe les négociations. C’est alors que les manifestations pro-européennes de 2014 débutent à Kiev, et la révolution de Maïdan, qui font 91 morts et près de 2000 blessés. Des événements qui pousseront Ianoukovitch à fuir en Russie et être destitué de ses fonctions.
Une guerre depuis 2014
Dès la chute du président prorusse, Vladimir Poutine annexe la presqu’île ukrainienne de Crimée. Lors d’un référendum non reconnu par les pays occidentaux, les habitants de la péninsule se prononcent en faveur de ce rattachement. Depuis, s’en suit la guerre du Donbass dans l’Est de l’Ukraine qui a fait plus de 13 000 morts à ce jour, avec des séparatistes prorusses dont le Kremlin est considéré comme le parrain militaire. Malgré la signature de plusieurs accords de cessez-le-feu prévoyant l’arrêt des combats qui ont fait baisser le conflit en intensité, plusieurs combats épisodiques et offensives ont eu lieu jusqu’en 2020.
Le 28 novembre 2021, l’Ukraine assure que le Kremlin a massé près de 92 000 soldats à ses frontières, dans le but de lancer une offensive à la fin du mois de janvier ou au début du mois de février, ce que les autorités russes nient, accusant même l’Ukraine de rassembler des troupes dans l’Est du pays. Le chef de l’Etat ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a pour objectif de rétablir la paix dans le Donbass et d’intégrer l’Otan, a appelé ce lundi l’UE à rester unie face à la Russie et a indiqué que « l’Ukraine ne cédera pas aux provocations mais au contraire, elle gardera le calme avec ses partenaires ».
Le Kremlin dénonce une hystérie en Europe
Moscou a dénoncé une hystérie en Europe et accuse l’Otan et les États-Unis d’exacerber les tensions en annonçant envoyer de nouvelles forces dans l’est de l’Europe. Le Kremlin exige un engagement écrit sur le non-élargissement de l’Otan à l’Ukraine et à la Géorgie et demande également un retrait des forces et des armements de l’Alliance atlantique des pays d’Europe de l’Est ayant rejoint l’Otan après 1997, notamment de la Roumanie et la Bulgarie. Des demandes « non négociables » pour les Occidentaux, ce qui donne lieu à une impasse diplomatique. Mais suite à une rencontre entre les chefs des diplomaties américaine et russe la semaine dernière, la Russie attend une réponse à ses exigences cette semaine.
Côté Français, Emmanuel Macron va proposer « un chemin de désescalade » dans cette crise à Vladimir Poutine lors d’un entretien « dans les prochains jours », a annoncé lundi 24 janvier l’Elysée. « Nous sommes préoccupés, nous sommes aussi très attentifs à ne pas créer d’ambiguïté, de volatilité supplémentaire », a ajouté la présidence française. Le ministère des Affaires étrangères a mis à jour ses conseils aux voyageurs et « de différer les déplacements sans caractère indispensable ou urgent en Ukraine », et de ne pas se rendre dans les zones frontalières dans le Nord et l’Est du pays.
Biden menace de sanctionner la Russie
A la suite de cette crise, Joe Biden a déclaré que si la Russie envahit l’Ukraine, elle devra faire faire à des sanctions économiques jamais vues. Selon RFI, les États-Unis étudient aussi la réponse à apporter à une éventuelle coupure du gaz russe à destination de l’Europe.
« Nous n’avons pas l’intention de déployer des forces américaines ou de l’Otan en Ukraine », a déclaré ce mardi Joe Biden aux journalistes l’accompagnant lors d’une visite dans un petit commerce à Washington, peu après que les États-Unis ont placé 8 500 militaires en alerte pour renforcer l’alliance militaire occidentale.
Mais le Président américain tient à rassurer les membres est-européens de l’Alliance atlantique. « Nous avons un devoir sacré, selon l’article 5 du traité, envers nos alliés de l’Otan. Et si vraiment la Russie continuait à amasser des forces et devait faire mouvement, nous renforcerions ces troupes », a-t-il promis.
Le président américain a toutefois redit que la Russie s’exposerait à des sanctions économiques « significatives » en cas d’attaque, allant jusqu’à des mesures pouvant cibler personnellement son président Vladimir Poutine. À une journaliste qui lui demandait s’il pouvait envisager de sanctionner personnellement le président russe, Joe Biden a répondu « Oui », puis « Je peux le concevoir ».