Gabriel Boric a été élu Président du Chili ce dimanche 19 décembre, au détriment de son adversaire d’extrême droite, José Antonio Kast, au second tour de la présidentielle. Les rues de Santiago comme dans de nombreuses villes du pays ont explosé de joie, à l’annonce de la victoire de ce candidat de gauche.
C’est une véritable triomphe pour la coalition de gauche, dont est membre le Parti communiste, dans ce duel inédit depuis le retour à la démocratie en 1990 entre deux candidats aux projets de société complètement opposés.
Selon les résultats officiels quasi-définitifs (99,96% des bureaux de vote), M. Boric l’emporte avec 55,87% des voix contre 44,13% à M. Kast, un admirateur de la dictature d’Augusto Pinochet soutenu par l’ensemble de la droite chilienne.
Plus d’un million de voix séparent les deux prétendants (4,6 contre 3,6). La participation dépasse les 55%, un plus haut historique depuis que le vote n’est plus obligatoire en 2012.
Au 1er tour, elle était de 47%, lorsque José Antonio Kast était arrivé en tête (27,9% contre 25,8%).
35 ans, M. Boric est le plus jeune président du Chili et parmi les dirigeants les plus jeunes au monde.
C’est avec son projet d’Etat-providence, un changement d’ampleur dans le pays considéré comme le laboratoire du libéralisme en Amérique latine, que Gabriel Boric l’emporte en ralliant autour de lui la classe moyenne à moyenne supérieure, essentiellement à Santiago.
Gabriel Boric entend promouvoir une grande réforme fiscale pour faire participer les plus riches à son programme de meilleur accès à la santé, à l’éducation et à la création d’un nouveau système de retraite, aujourd’hui entièrement privé. Le Chili est le pays le plus inégalitaire de l’OCDE.
Costume sombre et chemise blanche ouverte au col, fines lunettes et barbe épaisse, il a promis aux dizaines de milliers de supporters rassemblés pour l’écouter dans le centre de Santiago « plus de droits sociaux » « tout en restant fiscalement responsables ».
Une foule compacte et rieuse a envahi les rues de la capitale, agitant des drapeaux chiliens, dont la place d’Italie, épicentre des rassemblements en 2019 pour plus de justice sociale.
Le président sortant Sebastian Piñera a félicité dans une discussion vidéo le nouveau chef de l’Etat élu qui prendra officiellement ses fonctions le 11 mars.
« L’histoire nous a appris que lorsque nous nous divisons en guerres fratricides, les choses finissent toujours mal. Tout le Chili espère (…) qu’il y aura un très bon gouvernement pour le Chili et les Chiliens », a dit M. Piñera au président élu.
Avant lui, José Antonio Kast avait tenu à féliciter son adversaire: « Il mérite tout notre respect, beaucoup de Chiliens lui ont fait confiance« , a-t-il déclaré après avoir reconnu sa défaite sur son compte officiel Twitter.
De Cuba à l’Argentine, en passant par le Mexique, le Nicaragua, le Venezuela et le Pérou, les gouvernements de gauche d’Amérique latine ont exprimé leur satisfaction à la victoire de M. Boric.
Christian Bagaya, stagiaire ISP