Intervenons-nous

    Au moins 20 enfants en conflit avec la loi et gardés au quartier spécial de la Prison Centrale de Bukavu ont été « relâchés » le lundi 25 mai 2020 par le Tribunal pour Enfants.

    C’est le tribunal pour Enfants de Bukavu qui a décidé de prendre cette mesure pour notamment répondre à la demande de désengorgement des prisons en cette période de la Covid-19 en RDC et dans la ville de Bukavu.

    Hilaire Ngoy Mwepu, le Président du Tribunal pour Enfants de Bukavu explique qu’avec au moins 70 enfants dans cette maison carcérale, il était très important de siéger pour statuer.

    Cas par cas, le dossier de chaque enfant a été scruté et évaluer en présence des assistants sociaux et des autres juges. Objectif : désengorger sans violer la loi.

    Deux solutions

    C’est d’ailleurs dans ce sens que des mesures provisoires ont été prises pour des enfants poursuivis pour des faits éligibles à la médiation. Ceux-ci ont été sortis de la prison et orientés vers les trois comités de médiation qui fonctionnent dans la ville de Bukavu.

    La deuxième solution, explique le Président du Tribunal pour Enfants, a consisté à mettre en pratique les mécanismes de révision des mesures provisoires.

    Des mesures pour les enfants qui étaient poursuivis pour des faits «pas très très graves » ont été révisées.

    Insertion socio-professionnelle

    Le Tribunal pour Enfants de Bukavu qui tient compte de la situation actuelle des enfants déjà déscolarisés a trouvé une formule pour occuper ces enfants et ne pas les exposer. La première est l’apprentissage des métiers.

    Ces enfants au nombre de 6 ou 7 ont été référencés certains vers le Centre d’apprentissage des métiers.

    En l’espèce c’est le centre Don Bosco de Bukavu qui va recevoir ces enfants qui ont carrément opté pour l’apprentissage des métiers. «Ça participe dans notre politique de réinsertion socio-professionnelle », explique le Président du Tribunal pour Enfants.

    Réinsertion socio-économique avec CAEM/DS

    Pour d’autres, qui n’étudient pas et qui se retrouvent dans une situation difficile, le Tribunal pour Enfants a bénéficié de l’aide de l’organisation Centre d’Action pour l’Enfance et la Maternité –Dimension Sociale (CAEM/DS) impliquée dans la prise en charge des personnes vulnérables et notamment les enfants en situation difficile.

    Cette ONG a doté le Tribunal en kits de réinsertion constitué d’une boite à cirer, d’un tabouret en plastique, d’un tabouret en bois et deux boites de cirage, des brosses à cirer et d’une serviette.

    Ces enfants pourront s’installer sur différents tronçons routiers de la ville de Bukavu pour proposer une solution aux habitants et ainsi gagner un peu d’argent pour leur permettre de s’occuper et vivre.

    « Donc, nous avons donné ça à chaque enfant et nous leur avons dit : nous vous sortons de la prison, au lieu d’aller voler ou soustraire les biens appartenant à autrui, installez-vous quelque part, cirez les souliers des passants et vous aurez quelque chose et à la fin de la journée vous retournerez en avec un 5000 ou un 10.000 Francs Congolais. Vous dépensez ce que vous pouvez dépenser et vous épargnez. Ainsi, nous avons estimé qu’on pourra éloigner certains de ce qu’ils étaient en train de faire avant », estime Hilaire Ngoy Mwepu.

    Ce dernier a salué les efforts de l’ONG CAEM/DS qui a « secouru » son institution dans ce sens-là.

    Il promet que d’autres enfants qui ont déjà passé plus de la moitié de leur temps dans la rééducation vont bénéficier de ces mêmes mesures de réinsertion socioprofessionnelles et socio-économiques avec l’aide de CAEM et d’autres organisations.

    Joyeux d’avoir été sortis de la Prison, ces enfants ont promis de ne plus jamais refaire des actes qui vont à l’encontre de la loi. Ils se sont engagés à se concentrer sur des activités que chacun a choisies.

    Le Tribunal pour Enfants, lui, se donne comme objectif de suivre à la loupe l’évolution de chacun et tirer les conséquences.

    Gracieuse Wany S.

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