À Bukavu, vivre en célibataire reste un sujet qui divise. Pour beaucoup, le célibat est perçu non comme un choix, mais comme une situation subie. À l’occasion de la Journée internationale des célibataires, célébrée ce mardi 11 novembre 2025, plusieurs habitants ont confié à La Prunelle RDC leur regard sur cette réalité souvent mal comprise et chargée de stéréotypes.
Un statut souvent mal perçu dans la société
Dans la société congolaise, le célibat est souvent synonyme d’échec, d’immaturité ou d’instabilité. C’est du moins le constat de Pacifique Muhimuzi, 37 ans, célibataire à Bukavu.
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Selon lui, les célibataires sont rarement considérés comme des personnes responsables ou dignes de confiance.
« Certaines responsabilités nous sont refusées, faute d’adresse ou d’engagement marital. Même dans les relations amoureuses, la méfiance est grande : les familles des jeunes filles pensent souvent qu’un homme célibataire n’est pas sérieux », regrette-t-il.
Ce dernier déplore aussi la pression sociale croissante à se marier, considérée comme un passage obligé pour être respecté ou bénéficier d’opportunités.
« Il faut qu’on célèbre cette journée en donnant aussi de la valeur et des chances aux célibataires. Beaucoup subissent le chômage, la précarité et le jugement social », plaide-t-il.
Pour Pacifique, cette marginalisation a aussi des conséquences psychologiques et sanitaires : « Un médecin m’a dit que la solitude prolongée peut entraîner du stress, voire des troubles liés à l’isolement. À force de rester seul, sans partage ni dialogue, certains finissent par développer des traumatismes. »
« Le mariage, seul symbole de réussite pour la femme »
Une jeune femme de 24 ans, ayant préféré garder l’anonymat, partage la même expérience. Elle raconte vivre difficilement la pression de son entourage à cause de son statut de célibataire.
« Chez nous, une femme n’est souvent respectée que lorsqu’elle est mariée. Si tu n’as pas encore trouvé quelqu’un, on te regarde avec pitié ou mépris. »
Elle confie que cette pression vient de partout — amis, collègues, famille — et devient plus lourde lorsque ses proches se marient.
« On nous répète sans cesse qu’on a déjà grandi, que le temps passe… Cela crée un sentiment d’infériorité. Certaines finissent par se précipiter dans des mariages malheureux juste pour satisfaire la société », explique-t-elle.
Elle appelle les jeunes filles à résister à la pression sociale.
« Je dirais à d’autres filles de ne pas céder à ces pressions. Chacun a son moment. Se marier pour faire plaisir à la société, c’est risquer sa paix intérieure. »
Célébrer le célibat comme un choix de vie
Instituée en Chine, la Journée internationale des célibataires, célébrée chaque 11 novembre (11/11), met en avant les personnes non mariées. Le chiffre « 1 » répété quatre fois symbolise la singularité et l’indépendance.
L’objectif est de changer le regard sur le célibat : le reconnaître comme un choix légitime de vie, encourager l’estime de soi, lutter contre les préjugés et offrir des espaces d’épanouissement personnel.
Dans un contexte où le mariage reste perçu comme une norme incontournable, cette journée invite à repenser les représentations sociales et à valoriser toutes les formes de bonheur, qu’elles soient partagées ou vécues en solo.
Vinciane Ntabala & Esther Rehema

