Intervenons-nous

La baisse du taux de change annoncée par le gouvernement congolais en collaboration avec la Banque Centrale du Congo (BCC) provoque depuis quelques jours une forte instabilité économique à Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu. Universités, structures sanitaires, cambistes et commerçants affichent désormais des taux différents, créant un véritable désordre dans les transactions financières.

Pour comprendre cette situation, La Prunelle RDC a recueilli ce mardi 7 octobre 2025 les témoignages de plusieurs cambistes.

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L’un d’eux, Crispin Cikambasi, explique que la ville tente de se conformer à la décision initiée à Kinshasa, où certaines banques ont réduit leur taux de change avant d’être suivies par les opérateurs de télécommunications.

« Imaginez : on est passé de 2.900 FC à 2.740, puis à 2.650 et maintenant à 2.450 FC. Beaucoup de gens ont converti leurs francs congolais en dollars américains, ce qui a provoqué une rareté de la monnaie locale », explique-t-il.

Selon lui, la fermeture des banques accentue la crise car les nouveaux billets ne circulent pas suffisamment pour soutenir l’économie provinciale.

Un autre cambiste, qui a requis l’anonymat, parle d’un « désordre total » dans la fixation du taux.

« Pour nous, cambistes, le taux est de 2.500 FC, car même Airtel, Orange et Vodacom ne dépassent pas ce montant. Mais chez les commerçants, il monte à 2.700 FC, voire 3.000 FC », affirme-t-il.

Il souligne que plusieurs habitants peinent à s’adapter au nouveau taux, notamment ceux qui avaient acheté des marchandises en gros à l’ancien taux. Il appelle la population à la prudence et à la compréhension pour éviter des tensions inutiles dans ce contexte de crise sécuritaire.

Par ailleurs, certains habitants dénoncent le fait que des institutions universitaires et sanitaires continuent d’appliquer des taux élevés, entre 3.100 et 3.200 FC, sans tenir compte des réalités économiques actuelles et malgré la fermeture des banques.

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Ces témoignages illustrent le désordre que la mesure du gouvernement central a engendré dans la région. Si la décision de baisser le taux de change a été saluée par plusieurs Congolais, beaucoup estiment néanmoins que des mesures d’accompagnement sont indispensables pour en assurer l’application effective sur toute l’étendue du territoire national.

Séraphin Mapenzi

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