Intervenons-nous

Les transporteurs des gros camions qui opèrent sur la Route Nationale numéro 2, reliant Bukavu à Kamituga, ont annoncé une suspension totale de leurs activités à partir du 1er août 2025. Dans une déclaration rendue publique ce lundi, ils dénoncent les nombreuses tracasseries infligées par des groupes armés, services étatiques et autorités locales tout au long de cet axe stratégique du Sud-Kivu.

Selon les transporteurs, chaque voyage entre Bukavu et Kamituga coûte désormais près de 2.880.000 francs congolais (environ 1.000 dollars US aller-retour), uniquement en frais illégaux imposés aux différentes barrières routières. Ces pratiques, qu’ils qualifient d’extorsions, mettent en péril la viabilité économique du transport dans cette région enclavée.

« Nous souffrons. Trop, c’est trop ! À partir du 1er août, aucun camion ne quittera le parking tant que ces barrières illégales ne seront pas levées », ont déclaré les camionneurs.

Parmi les points de passage incriminés, on note :

  • M23 Mushweshwe : 805.000 FC
  • VDP Mudubwe : 30.000 FC
  • VDP Chowe : 100.000 FC
  • FARDC Kasika : 50.000 FC
  • VDP Ulindi : 50.000 FC + déchargement du camion
  • ANR Mwenga : 30.000 FC
  • VDP Mwenga : 60.000 FC
  • Chefferie Basile (Mwenga) : 60.000 FC
  • VDP Mwenyewanda : 50.000 FC
  • VDP Mungombe : 50.000 FC
  • VDP Lubyala : 150.000 FC
  • FARDC Lubyala : 5.000 FC

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Face à cette situation, les conducteurs dénoncent à la fois des tracasseries physiques et des pratiques qui mettent en danger leur sécurité et celle des marchandises transportées. Les victimes de ces abus affirment que plusieurs de ces barrières sont tenues par des groupes armés Wazalendo, des miliciens VDP, ou encore des services officiels comme l’ANR et les FARDC, dans une forme d’anarchie normalisée.

Cette mobilisation des transporteurs s’inscrit dans un contexte de multiplication des incidents sur les axes contrôlés par les groupes armés dits patriotes (Wazalendo), qui, bien qu’alliés du gouvernement dans la lutte contre la rébellion du M23, imposent des lois parallèles dans les zones qu’ils occupent. La Société Civile, elle, s’inquiète d’un effondrement progressif de l’autorité de l’État et d’un climat d’impunité généralisée.

Les opérateurs économiques, les acteurs humanitaires et les habitants de cette région redoutent déjà les conséquences de cet arrêt : hausse des prix, rupture d’approvisionnement et isolement de plusieurs localités.

Jean-Luc M.

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