Une vingtaine de journalistes des médias en ligne du Sud-Kivu, venus de Bukavu, Idjwi, Bunyakiri et Nyangezi, ont signé un engagement solennel à produire des contenus favorisant la cohésion sociale, la prévention des conflits et la participation citoyenne. Cette décision intervient à l’issue d’une formation intensive de cinq jours, organisée du 19 au 23 août 2025 à Bukavu par la Synergie des Médias pour l’Union des Forces (SYMUF – Maison de la Presse) avec l’appui de la Coopération Suisse (DDC).
Animée par le professeur Adolphe Kilomba Sumaili, la session a porté sur plusieurs thématiques clés : journalisme sensible aux conflits, régulation des médias, lutte contre les discours haineux, respect du code du numérique et usage responsable des réseaux sociaux. Le facilitateur a insisté sur la responsabilité éthique des journalistes.
« Nos productions médiatiques doivent être des outils pédagogiques clairs, simples et percutants qui éveillent les consciences sur les dangers du discours de haine et encouragent le dialogue constructif », a-t-il expliqué.
Le professeur Kilomba a mis en garde contre la diffusion de fausses informations, qui expose à des sanctions judiciaires, et a recommandé une collaboration accrue entre journalistes spécialisés en informatique et l’Agence nationale de cybersécurité (ANCY).
« Chaque mot, image ou témoignage doit être choisi avec précaution pour protéger les victimes et éviter toute stigmatisation », a-t-il ajouté, rappelant la nécessité d’une posture de neutralité et d’impartialité dans le traitement des conflits.
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Plusieurs participants ont salué l’opportunité offerte par la SYMUF-MP et la DDC, soulignant l’importance de cette formation en période de crise sécuritaire dans l’Est de la RDC. Ils se sont engagés à appliquer les connaissances acquises et à sensibiliser d’autres médias, en ligne comme traditionnels, pour renforcer la cohésion sociale.
« Nos mots peuvent soit attiser les tensions, soit apaiser les esprits. Je me sens désormais mieux outillée pour exercer mon métier en protégeant les victimes et en promouvant la tolérance », a témoigné Chance Ngaliza, journaliste à la Radio Communautaire de Bunyakiri. Pour Trésor Kyembwa, directeur de Pouvoir FM, la formation a permis « d’apprendre comment insérer dans nos programmes des astuces liées à la résolution des conflits, au vivre-ensemble et à la lutte contre la discrimination ».
De son côté, Aksanti Justin de la Radio Mugote Idjwi Sud a indiqué avoir acquis des compétences pour concevoir des émissions interactives et des spots de sensibilisation intégrant témoignages, slogans et débats avec experts, leaders communautaires et victimes.
Quant à Heri Bahizire Gentil de La Colombe FM (Nyangezi), il a déclaré : « Nous avons acquis de nouvelles connaissances sur la cohésion sociale, la prévention des conflits, la gouvernance et la participation citoyenne. Un journaliste sensible aux conflits ne doit pas créer des tensions mais contribuer à les résoudre. »
Le chef de projets de la SYMUF-MP, Francis Bahoza, a salué la participation active des journalistes et réaffirmé l’appui continu de son organisation.
« Vous venez de signer un engagement de produire et publier des articles liés à la lutte contre les messages de haine, au renforcement de la cohésion sociale et à la prévention des conflits », a-t-il insisté. Il a précisé que cette initiative s’inscrit dans un projet plus large de renforcement de la démocratie et de la cohésion sociale au Sud-Kivu, mis en œuvre avec la DDC et d’autres partenaires en négociation.

Au terme de la formation, chaque média a signé un acte d’engagement à produire et diffuser, pendant au moins un an, des contenus favorisant le vivre-ensemble et la bonne gouvernance locale.
Ce cycle de formation constitue une étape importante vers un journalisme de paix, plus éthique, inclusif et responsable au Sud-Kivu, dans un contexte où les discours de haine continuent de fragiliser les communautés.
Abdallah Mapenzi